Depuis près d’un an, la filière textile connait une crise majeure liée à la saturation de ses exutoires habituels. L’Economie Sociale et Solidaire (ESS), qui collecte 70% du gisement traité en France et crée plus de 8 200 postes d’activités, est particulièrement concernée. Face aux défis structurels que rencontre la filière, Emmaüs France a mené une concertation au sein du Mouvement. Son objectif est d’élaborer une stratégie pérenne et durable pour la prise en charge des déchets textile.
Le 18 mai dernier, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a annoncé la réouverture du cahier des charges de l’éco-organisme de la filière REP (Responsabilité Élargie du Producteur). Dans le même temps, Emmaüs a lancé un Groupe de Travail pour proposer des évolutions visant à rendre la filière textile plus durable et résiliente.
Pami les constats et propositions qui ressortent de ces travaux, Emmaüs France propose :
En urgence :
- De débloquer des soutiens financiers exceptionnels pour les centres de tri .
A moyen terme :
- De réguler les quantités de vêtements neufs mis en marché et encourager l’éco-conception ;
- D’augmenter les capacités de collecte et de tri localement, en soutenant massivement l’investissement et en s’appuyant sur l’outil productif existant, garant d’un traitement écologiquement vertueux du textile et d’une filière qui crée des emplois ;
- De sécuriser le modèle économique des centres de tri, avec des soutiens au fonctionnement adaptés à la réalité des coûts de traitement ;
- De développer et pérenniser des exutoires vertueux pour le textile pris en charge. D’une part, en améliorant notamment la traçabilité et le contrôle qualité sur les gisements exportés. D’autre part, en développant le recyclage des matières textile, en parallèle de l’élaboration d’une trajectoire de réduction de l’incinération.
La filière textile doit évoluer pour répondre aux défis qui lui font face et améliorer ses performances environnementales. Elle doit se donner les moyens de traiter des volumes de textiles toujours plus importants. Le Mouvement Emmaüs et l’ESS sont prêts à prendre toute leur part dans ces évolutions.
Emmaüs et l’ESS ont permis le changement d’échelle du réemploi textile en France, avec plus de 3 000 points de vente, dont 530 boutiques Emmaüs. Sans compter la vente en ligne avec Label Emmaüs.
En 2024, le Mouvement a reçu et trié 120 000 tonnes de textile, dont 58 % ont été réemployés. Les activités économiques et notamment le réemploi solidaire ont généré 11 735 emplois, dont près de 5 500 en insertion. Mais Emmaüs, c’est surtout des heures d’accompagnement de milliers de personnes vers une stabilité personnelle et professionnelle ! C’est aussi des initiatives innovantes pour démocratiser l’accès à du textile de qualité à prix abordables, dans une logique solidaire.