Emmaüs est historiquement investi dans l’accueil et l’accompagnement des personnes judiciarisées. Militant pour un moindre recours à l’incarcération, le Mouvement porte plusieurs dispositifs originaux hors et dans les murs, pour favoriser leur réinsertion sociale et professionnelle.
En cohérence avec le principe d’accueil inconditionnel, Emmaüs est particulièrement attentif aux personnes placées sous main de justice, qui font l’objet de nombreux préjugés. Au fil du temps, Emmaüs a développé de nouveaux projets d’accompagnement des personnes judiciarisées.
En 2024, 130 Groupes ont accueilli 1 250 personnes placées sous main de justice :
- + 730 personnes en Travail d’Intérêt Général (TIG), sur des activités de collecte, réparation et vente de produits de seconde main, accueillies au sein de 98 Groupes ;
- Plus de 330 personnes en aménagement de peine au sein de 43 Groupes, dont 62 % en placement extérieur, 15 % sous surveillance électronique, 6 % en semi-liberté et 17 % dans le cadre d’une autre mesure ;
- 2 ateliers chantiers d’Insertion par l’Activité Économique (IAE) en prison, portés par Emmaüs Mundo depuis 2016 (première expérimentation nationale) au sein des prisons d’Oermingen et de Strasbourg, accueillant 36 opérateurs en insertion.
Développer les dispositifs non carcéraux
Emmaüs dénonce régulièrement la logique du tout carcéral, exclusivement punitive, et défend le développement des alternatives à la prison, qui ont déjà largement prouvé leur efficacité en matière de réinsertion. Ils permettent des sanctions responsabilisantes, dignes, basées sur la confiance et exécutées au sein de la société civile. Le placement à l’extérieur en est un exemple. Depuis 2016, Emmaüs France et le ministère de la Justice sont liés par un accord cadre visant à lutter contre la pauvreté en détention et à développer les mesures alternatives à l’incarcération. Chez Emmaüs, les dispositifs alternatifs se multiplient ainsi sur le modèle de fermes, qui allient activités agroécologiques et projet de réinsertion.
La dynamique est née en 2009, lorsque la Ferme de Moyembrie a rejoint le Mouvement. Alors unique en son genre, elle pratiquait l’accueil et l’insertion socioprofessionnelle de personnes placées sous main de justice, à travers des activités de maraîchage biologique.
Fort de cette expérience concluante, Emmaüs France a lancé un projet d’essaimage de cette structure, coordonné aujourd’hui dans le cadre du collectif Emmaüs Horizon. 4 autres fermes ont vu le jour, proposant ainsi un accompagnement global à plus de 80 résident·e·s : Sources d’envol (Loire-Atlantique), Emmaüs Lespinassière (Aude), Emmaüs Baudonne (Landes) et Emmaüs Maisoncelle (Vienne). Trois autres sont actuellement en projet.
Chez Emmaüs, nous militons activement pour que la France mette en place un mécanisme de régulation carcérale contraignant et se saisisse de ces outils déjà existants qui peinent à se développer faute de moyens et de volonté politique : développons massivement des solutions qui permettent réellement la réinsertion des personnes condamnées.