Au sein du Mouvement Emmaüs, juillet rime avec chantiers d’été. Chaque année, de mi-juin à mi-septembre, des dizaines de jeunes venus de nombreux pays consacrent une partie de leurs vacances à du bénévolat au service du projet solidaire d’Emmaüs. Ils sont ainsi accueillis au sein d’une vingtaine de Communautés partout en France, où les chantiers se présentent comme une expérience immersive, dans l’esprit des premiers « camps internationaux de travail Emmaüs », dans les années 60.
Pendant leur séjour, qui peut durer de 1 à 3 semaines, les jeunes volontaires vivent au rythme de la Communauté. Ils sont hébergés sur place et participent aux activités solidaires de l’association, au même titre que les Compagnes et Compagnons : collecte des dons, tri, intervention en espaces de vente… Les volontaires s’essaient à différentes missions, comme le confirme Deniz, étudiant à l’Université de Galatasaray (Turquie) et volontaire à Toulouse : « Je suis venu parce qu’Emmaüs est une association de solidarité dont on parle beaucoup dans notre Université. Ici, je fais différentes choses comme le tri des dons ou le rangement des objets dans l’espace de vente ».
L’originalité du volontariat proposé par Emmaüs réside aussi dans l’opportunité qu’il offre de mieux comprendre les spécificités de la vie communautaire : « C’est une super expérience pour découvrir la vie en Communauté, apprendre à connaitre des gens tous différents et partager tant de choses ensemble, pendant les activités solidaires, mais aussi en dehors » raconte Kaan, également volontaire à Toulouse. Lui aussi est étudiant à Galatasaray et c’est sa troisième année en tant que volontaire, après l’avoir été à Pau puis à Lyon.
Pour de nombreux jeunes, la recherche d’une activité estivale porteuse de sens est un réel facteur de motivation, à l’image de Lucie, volontaire à Arles : « Je connaissais déjà un peu Emmaüs et je voulais faire des vacances utiles. Je suis allée sur Internet et j’ai tapé « vacances utiles » et « bénévolat », puis je suis tombée sur les chantiers d’été Emmaüs ».
Initialement appelés « camps internationaux de travail de vacances », les chantiers d’été Emmaüs ont commencé en France dès 1963. De retour d’un périple en Suède, l’abbé Pierre invite les jeunes de tous horizons à prêter main forte pour « faire la guerre à la misère ». Sous l’impulsion de la Communauté itinérante de Normandie, ils sont chaque année plus nombreux à venir des quatre coins de la planète pour participer à cette œuvre solidaire, comme l’explique Philippe Dupont, Directeur du Centre abbé Pierre – Emmaüs : « Dans les années 70, les jeunes venaient par milliers de pays relativement éloignés tels que les Etats-Unis ou le Japon pour participer à l’activité des Compagnons. On a compté jusqu’à 2200 jeunes sur un camp ! ». Au fil des années, la Communauté itinérante a suscité la création de Communautés permanentes telles que celles d’Amiens (1960), d’Orléans (1968) ou de Cherbourg (1972), ainsi que dans d’autres pays d’Europe.
Ceux qu’on appelle aujourd’hui « chantiers d’été » ont donc eu un rôle structurant dans la construction du monde Communautaire, et ils continuent aujourd’hui à inspirer les plus jeunes générations. « Les chantiers d’été sont particulièrement importants pour moi, affirme Benoit, Responsable de la Communauté de Labarthe-sur-Lèze (Toulouse), qui accueille chaque été des dizaines de jeunes. C’est grâce à un chantier d’été que je suis entré dans le Mouvement Emmaüs ». Faire découvrir Emmaüs aux jeunes générations, leur donner envie de s’y impliquer durablement : près de 60 ans après leur création, les chantiers d’été perpétuent leur rôle originel, et assurent toujours une mission essentielle.