Ouverte depuis le 3 septembre, La Venelle réunit 9 structures* du réemploi solidaire, dont 3 membres du Mouvement Emmaüs. En encourageant la seconde main accessible et de proximité, le « village » ambitionne de faire émerger un nouveau modèle de consommation, plus sobre, plus inclusif et ancré dans son territoire. Entretien avec Cédric Mazière, qui a coordonné le développement du projet.
*L’Atelier R-ARE, Emmaüs Coup de Main, Emmaüs Défi, Envie, La Collecterie, Neptune, La Ressourcerie du Spectacle, La Recyclerie sportive, le REFER

Pouvez-vous nous présenter le projet ?
La Venelle est un village du réemploi solidaire, piloté par un collectif de neuf acteurs associatifs, qui partagent un projet commun : créer un lieu qui prend soin des individus, du collectif et des objets. Il a ouvert le 3 septembre dernier, à la sortie du métro Robespierre, à Montreuil (93). On y trouve huit boutiques, un café culturel et les bureaux du Réseau francilien du réemploi (REFER). Des ateliers de sensibilisation au réemploi et une programmation événementielle y seront proposés tout au long de l’année.
Comment est née La Venelle ?
La volonté de départ des associations était de bâtir un village qui montrerait toutes les facettes du réemploi solidaire. Cette idée a été retenue à l’occasion d’un appel à projets pour l’installation de nouveaux commerces, dans le cadre de la rénovation de la ZAC de la Fraternité à Montreuil. En avril 2021, Atelier R-ARE, La Collecterie, Envie Trappes, la Recyclerie sportive et le REFER ont ainsi créé la société de gestion du village du réemploi, SAS ESUS, société à mission réservée aux associations à but non lucratif. La foncière a acquis en juin 2022 les 1800 m² de pied d’immeuble. Fin 2022 et en 2023, 4 associations (Neptune, La ressourcerie du spectacle, Emmaüs Coup de Main et Emmaüs Défi) ont à leur tour intégré la foncière.
À qui s’adresse-t-elle ?
D’abord au grand public, pour rendre accessible le réemploi dans toute sa diversité. La Venelle a également vocation à prouver aux acteurs de l’ESS qu’un tel projet est accessible aux associations. Au bout de 25 ans, le collectif sera propriétaire des locaux. Ce genre de projet ambitieux et vertueux sur le plan environnemental n’est pas réservé qu’aux acteurs lucratifs.

Comment ont été pensés les espaces ?
La répartition des boutiques s’est faite en collectif. D’abord les besoins communs, comme le local partagé, puis les besoins de chaque structure. L’aménagement de chacune des boutiques a été pensé avec une architecte.
Pour le chantier, nous nous sommes fixé des objectifs ambitieux en termes d’économie circulaire, notamment dans le choix d’éco-matériaux issus du réemploi, du recyclage ou biosourcés. C’est le cas des luminaires et de l’isolation, entre autres, qui ont été reconditionnés.
Qui sont les personnes qui travaillent au sein des boutiques ?
Une cinquantaine d’emplois ont été créés ou pérennisés pour le projet, dont environ 70% en insertion sur des missions de vente ou pour l’atelier notamment. Certaines associations peuvent également compter sur la présence de bénévoles.
Que pouvons-nous trouver dans les boutiques ?
Il y a du matériel sportif, mobilier, textile, hi-fi, de l’électroménager, des vêtements… L’atelier R-ARE propose des objets en bois massif, fabriqués à base de fenêtre détourées ou de parquet démonté. Chez Neptune, on retrouve une galerie d’art réalisée à partir de textile. Des vêtements, accessoires et bibelots chez Emmaüs Défi et tout ce qui relève de la puériculture chez Emmaüs Coup de main. La Collecterie, quant à elle, propose de l’upcycling de chaises et autres mobiliers. On trouve même des « pnoufs », des poufs créés à partir de pneus ! Il y a une vraie volonté esthétique dans la sélection et la mise en scène des objets.

C’est également un lieu où l’animation a fait l’objet d’une vraie réflexion…
La Venelle a effectivement été pensée comme un véritable lieu de vie où l’on peut passer du temps. Tout au long de l’année, il y aura des événements culturels comme des concerts et des lectures, des ateliers « Do It Yourself » et de réparation, des actions de sensibilisation au réemploi… Nous prévoyons aussi de participer à des temps forts comme la semaine des ressourceries et le Green Friday. Les événements sont à retrouver dans l’agenda du site, sur les réseaux sociaux et dans la newsletter.
Les associations du collectif sont à la manœuvre de la programmation, qui est ouverte au plus grand nombre. Le café La Parallèle, géré par la Collecterie, est le « centre névralgique » de la convivialité. C’est un espace vivant, tant pour le public, que pour le collectif. Il n’a pas été imaginé comme un objet de développement économique mais comme un vrai outil au service du projet collectif.
Les riverains et riveraines pourront aussi venir déposer des dons.
Il est possible de déposer des dons (matériel de sport, spectacle, petite enfance et objets divers) sous certaines conditions. Nos contraintes logistiques ne nous permettent en revanche pas d’accepter les gros mobiliers, qui peuvent être déposés directement aux adresses des associations.
©Félix Marye
La Venelle, en chiffres :
• 9 associations : 6 Ateliers Chantiers d’Insertion, 1 Entreprise d’Insertion, le REFER et la Ressourcerie du spectacle
• 1 800 m² : 8 boutiques de 80 à 280 m2, 1 café culturel, 1 local de bureau et 1 local partagé entre les associations
• Environ 50 emplois créés ou pérennisés, dont 70 % en insertion
• 6,3 millions d’euros, le coût du projet financé en partie grâce à une subvention de 1,8 million d’euros de l’ADEME et un prêt de 3,6 millions d’euros auprès de la Banque de Territoires
• 53,7 tonnes de matériaux réemployés, issus de déconstruction provenant d’autres sites aux alentours
• Plus de 100 tonnes de CO₂ et 62 tonnes de déchets évités pendant le chantier d’aménagement, grâce au réemploi des matériaux
Plus d’info
Inauguration le 11 septembre et grande fête d’ouverture le 20 septembre !
📅 Ouvert du mardi au samedi, de 11h à 19h
📍198 rue de Paris 93100 Montreuil – Métro Robespierre (ligne 9)
lavenelle-montreuil.org