Acteur majeur du réemploi textile en Alsace et Franche Comté, le Relais Est (membre du Mouvement Emmaüs) collecte entre 24 et 30 tonnes par jour. Dans cet immense gisement, de nombreuses pièces de bonne facture finissaient pourtant au recyclage en raison de petits défaut empêchant la vente, et faute de pouvoir être valorisés en interne. C’est pour inscrire le parcours de seconde vie du textile dans une démarche plus durable que le Relais Est a imaginé une nouvelle ligne de vêtements upcyclés : Les Surcyclés du Léopard, en clin d’œil aux boutiques où sont vendus les vêtements vintage.
Au Relais Est, coopérative de tri textile du Mouvement Emmaüs, quel est le point commun entre les tablier-blouses de grand-mère, des vestes en jean aux cols élimés, ou du linge de maison légèrement désuet ? À cette question un peu causasse, Clara Merdinoglu, responsable de projet Surcyclés, répond sans hésitation : « Des pépites ! », avant de s’expliquer : « Tout est parti du constat que c’était dommage d’envoyer au recyclage une partie de notre gisement qui était de très bonne facture, avec parfois des pièces extraordinaires, mais invendables en l’état en raison d’un défaut. Alors on s’est dit qu’il fallait valoriser tout ça via une ligne de vêtement.»
La naissance d’une ligne de vêtements
Appuyée sur un réseau de boutiques bien installées et une clientèle d’habitués, Le Relais Est s’est lancé dans la réalisation de prototypes sur des vestes en jean, avant de les tester auprès de son public. Rapidement, la coopérative comprend que le principe peut séduire, mais qu’il faut faire plus, notamment en rendant ses nouvelles productions attirantes et originales.
C’est ainsi que nait la collaboration avec la designer Margot Cannizzo Lazaro, dont le cahier des charges est simple, ainsi que l’explique Clara Merdinoglu : « Aller piocher dans les bacs et en sortir des pièces de belles factures mais uniquement de second voire troisième choix. Puis imaginer quatre types de vêtements à partir de vestes en jean, bleus de travail, tablier-blouses de grand-mère, et linge de maison ». S’en est suivi un important travail de recherche et développement, financé notamment dans le cadre des appels à projets d’Emmaüs Innove. En 2021, le processus aboutit à la réalisation de 4 pièces, avec « une vraie identité de marque », explique Clara.
Un impact social et environnemental
Pour produire ses nouvelles créations, le Relais Est a souhaité s’entourer d’un partenaire de proximité, tant géographique que dans les valeurs. C’est la raison pour laquelle la création des vêtements a été confiée à La petite Manchester. Cet atelier de confection, agréé chantier d’insertion, et situé à 15 km de son centre de tri, a ainsi bénéficié de cette nouvelle activité du Relais Est. Une nouvelle collaboration a aussi vu le jour en septembre avec un ESAT (établissements ou services d’aide par le travail) de la région, pour la confection d’une première ligne d’accessoires.
Si les ventes s’écoulent aujourd’hui à raison d’une cinquantaine d’unités par mois, ce sont près de 600 pièces qui ont été upcyclées depuis de début de l’aventure. Et la coopérative n’entend pas s’arrêter là : Une alternante en stylisme recrutée récemment planche à la création de nouvelles pièces accompagnée d’une couturière en parcours d’insertion. Ainsi, Clara Merdinoglu espère atteindre 250 unités vendues par mois d’ici 2024. Autant de « pépites » qui bénéficieraient alors d’une seconde vie.