Comme chaque année, la Fondation abbé Pierre, membre du Mouvement Emmaüs, a lancé sa campagne hivernale de sensibilisation au mal-logement. « Ils ont eu un passé. Aidons-les à retrouver un avenir» : voici le message que rappelle la Fondation abbé Pierre, alors qu’aujourd’hui près de 140 000 personnes, hommes, femmes et enfants, sont sans domicile fixe.
Ils ont été des enfants heureux, des parents attentifs, des vacanciers insouciants, des employés consciencieux… Avant de se retrouver à vivre à la rue, les personnes sans domicile fixe ont eu un passé. Dévoilée ce 22 novembre, la nouvelle campagne de la Fondation abbé Pierre a pour objectif de dénoncer à la fois l’errance et l’indifférence. Pendant tout le mois de décembre, 12 000 panneaux et abribus affichent les trois visuels forts de cette campagne. En outre, dans un clip vidéo également diffusé ce mois-ci, un homme sans domicile fixe avance dans la rue lorsque des photographies de son passé surgissent par flashs : on le voit enfant, puis lors de son mariage, en vacances, avec ses collègues de travail… Une vie normale, qui un jour a basculé.
Comme les autres
Par cette campagne, la Fondation abbé Pierre rappelle ainsi que tous ceux qui sont contraints de dormir dehors sont avant tout des personnes comme les autres, que cet état des choses n’est ni normal ni acceptable. « Il y a 15 ou 20 ans, on était très choqué de voir des gens dormir sur le trottoir, a expliqué Patrick Doutreligne, délégué général adjoint de la Fondation abbé Pierre, lors d’une conférence de presse. Or aujourd’hui ils font presque partie du mobilier urbain : on ne les regarde plus. » Gageons que cette campagne choc aide les uns à les autres à prendre conscience de cette situation, critique et intolérable.
Ne pas s’habituer
En effet, il est urgent de réagir car le problème ne cesse de s’aggraver. Selon les chiffres de la Fondation abbé Pierre, le nombre de personnes sans domicile fixé est passé de 100 000 à 141 500 en dix ans, parmi lesquels 30 000 enfants. « On est en train de voir une nouvelles générations de personnes à la rue, a également relevé Patrick Doutreligne, citant notamment les jeunes, les ménages, les familles et les personnes âgées. Cinq ou dix ans avant, ils étaient comme vous et moi, allongés sur une plage, célébrant un anniversaire ou en train de préparer un barbecue. Aujourd’hui, ils sont allongés dans la rue », a-t-il ajouté, reprenant les situations évoquées sur les visuels. Cette campagne a donc pour objectif de dire aux Français qu’on ne doit pas s’habituer à cette pauvreté. Le groupe de rap IAM, incontournable, s’est d’ailleurs associé à la campagne avec un clip intitulé « Habitude », qui décrit justement le caractère aujourd’hui invisible des personnes sans domicile fixe.
Lutte contre le mal-logement
Pour les combats qui sont les siens – la lutte contre le mal-logement et la précarité -, la Fondation abbé Pierre compte également sur le projet de loi pour l’accès au logement et pour un urbanisme rénové (ALUR), qui sera examiné en deuxième lecture par le Parlement au début de l’année 2014. Si la Fondation abbé Pierre – tout comme le Collectif des associations unies, dont elle fait partie et dont sont membres également Emmaüs France et Emmaüs Solidarité – a salué des « avancées sérieuses dans ce projet de loi » (encadrement des loyers, prolongement de la trêve hivernale de 15 jours), il reste encore beaucoup à faire. Ce texte, porté par la ministre du Logement Cécile Duflot, pourrait donc « être amélioré en seconde lecture », a ainsi estimé Patrick Doutreligne. Alors que le froid s’installe, que le 115 est saturé de demandes, il est urgent de faire de ces questions une priorité.