Le second épisode de cette saison 2 du podcast Emmaüs, enregistré au sein d’un comité d’amis Emmaüs de l’Est de la France, donne principalement la parole à ses bénévoles et questionne leur engagement, appréhendé comme un don de soi et de temps. Rebecca Shankland, psychologue, y apporte son éclairage sur l’impact de l’engagement altruiste sur l’estime de soi.
On n’est jamais heureux que dans le bonheur qu’on donne. Donner, c’est recevoir.
Abbé Pierre
Pourquoi nous engageons-nous pour la solidarité ? Qu’en retirons-nous ? Comment analyser le bénévolat à l’aune de la notion de don ? Afin de répondre à ces questions, ce deuxième épisode invite à visiter le petit comité d’amis Emmaüs du Russey, dans le Doubs, à deux pas de la frontière suisse.
Gérée uniquement par des bénévoles, cette structure collecte, remet en état et revend des objets donnés. Les recettes dégagées sont consacrées à des actions de solidarité : aide aux familles, soutien aux associations locales, participation aux projets d’Emmaüs international… En s’engageant, ces bénévoles accomplissent une autre forme de don à Emmaüs : un don de temps et d’énergie au service de la solidarité, du lien social et du partage.
Ils expliquent pourquoi ils ont rejoint Emmaüs.
J’avais toujours en tête “il faut que je me mette au service de quelqu’un” et pas uniquement m’intégrer dans mon travail.
Michel, bénévole et vice-président.
J’ai revu ma façon de consommer, j’ai recherché un travail qui pouvait coller au plus près de mes convictions : travailler avec les gens. Je travaille à temps partiel, volontairement. Du coup, le temps qui me restait, j’avais envie de l’offrir pour aider les autres
Séverine, bénévole
L’engagement de ces 35 bénévoles, dont l’action permet de faire vivre la structure, leur apporte, ils l’assurent, beaucoup en retour :
Donner, c’est recevoir, il n’y a pas une culture financière là-dessous, quand on donne. C’est notre mission, on ne se pose pas la question !
Mireille, bénévole et présidente
Lara, qui est, elle, en service civique, partage cette vision : “Je pense que je gagne plus que je donne ici parce qu’il y a le côté solidaire, tout ce qu’on fait, c’est pour aider, ce n’est pas pour s’enrichir les poches avec de l’argent, c’est pour aider les autres et aussi donner une seconde vie aux objets. Cela me fait chaud au cœur. Je suis arrivée en France il y a 2 ans et j’étais toute seule. Je me sentais vraiment inutile, c’est un mot fort mais je ne rendais aucune chose à personne. J’avais besoin d’une activité pour me sentir vivante, pour connaître les gens, pour vraiment faire partie de la communauté locale. La solidarité ce n’est pas qu’avec les gens qu’on aide mais aussi avec les gens qui viennent ici, comme moi. C’est vrai que ça a bouleversé ma vie.”
Tous ces témoignages confirment les mots de l’abbé Pierre “On n’est jamais heureux que dans le bonheur qu’on donne. Donner, c’est recevoir.” Rebecca Shankland, professeure en psychologie, confirme cet impact de l’engagement altruiste sur l’estime de soi et sur le renforcement de notre “pouvoir d’agir”.
Venir en aide à d’autres permet de se sentir plus compétent, plus utile socialement, ce qui agit sur l’estime de soi qui est aussi un facteur important de bien-être […] Lorsqu’on s’engage dans des actions en lien avec nos valeurs, cela permet de développer plus de sens à la vie et aussi le sentiment de pouvoir agir sur des situations pour les améliorer, notamment pour des personnes dans le besoin
Rebecca Shankland
Cet impact que l’on observe chez les personnes qui s’engagent pour la solidarité, nous continuerons de l’explorer dans le troisième et dernier épisode de cette saison, consacré à l’impact de l’engagement chez les personnes anciennement ou actuellement aidées qui deviennent aidantes à leur tour.
UN AUTRE MONDE est une série de podcasts en trois épisodes sur les coulisses d’Emmaüs. Dans cette saison 2, l’auditeur·trice est invité·e sur le chemin du don. Au fil des épisodes, et à travers l’exemple d’Emmaüs, nous découvrirons que le don, la générosité et l’engagement sont des valeurs aussi simples que nécessaires à la construction d’une société plus juste, plus humaine et plus solidaire.
Un grand merci à Mireille, du comité d’Amis du Russey, sans qui cette aventure n’aurait pas été possible, mais aussi à Michel, Séverine, Aurélie et Lara d’avoir accepté de témoigner et pour leur accueil si chaleureux. Merci, enfin, à Rebecca Shankland de nous avoir fait don de son précieux éclairage sur la question de l’engagement.
Production Studio Ground Control ; direction éditoriale : Mathilde Girault ; production et écriture : Laura Eisenstein ; réalisation et mix : Frédéric Haury ; voix-off : Laura Eisenstein ; Identité graphique : Rose Bernard.