« Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat. » Ainsi commence l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 dont l’Abbé Pierre a été co-rédacteur et qui fut adoptée par les 58 Etats Membres dont la France.Depuis quelques jours, les forces de gendarmerie viennent dans les communautés Emmaüs (Grenoble, Rodez 2 fois, notamment) arrêter des compagnes et compagnons faisant l’objet d’une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) afin de les placer en centre de rétention et, pour les derniers cas, un jugement de retour vers leur pays d’origine.
Les communautés Emmaüs ont comme principales valeurs l’accueil inconditionnel, l’équité, le partage et la solidarité. Nous les pratiquons quotidiennement afin de servir le plus souffrant, de remettre des êtres humains debout et d’être au service des autres, toujours et pleinement.
La France a adopté depuis 71 ans cet article 13. Hier et aujourd’hui, l’Etat français bafoue sa propre parole, dénie ses propres engagements et préfère des options géopolitiques, économiques et, à l’heure actuelle, très certainement électorales au détriment de personnes dont le seul « crime » est de ne pas posséder les papiers nécessaires pour l’instant.
Hovhannes Sarhadyan, né le 2 octobre 1994 en Arménie, arrêté suite à un contrôle d’identité le 13 juillet à Bellegarde, département de l’Ain. La décision prise par le préfet est rapide. Le 14 juillet il est placé en centre de rétention à Lyon St Exupéry.
Ce jeune arménien est voué à une mort certaine dans son pays. Bien que l’Arménie soit pour les autorités françaises, un pays sûr…
Toute sa famille a été dans l’obligation de fuir leur terre natale vers la Russie ou d’autres pays d’accueil afin d’échapper à la violence perpétrée à leur encontre. Il garde des séquelles profondes dues au passage à tabac par la mafia. Hovo travaille à la communauté de Rodez depuis janvier 2017, il est connu pour être une personne bienveillante. Il exerce au sein de la communauté diverses activités, vendeur au bric, la clientèle apprécie sa joie de vivre. Il manifeste le besoin de communiquer pour améliorer son apprentissage de la langue française, il prend des cours au CRAISAF de Rodez deux fois par semaine.
En septembre prochain, il doit tenir le rôle principal dans une pièce de théâtre, les compagnons de Mandrin, mise en scène par des acteurs de Ruthene avec un groupe de compagnons et la responsable.
Hovhannes Sarhadyan est repassé devant le juge des libertés ce 13 août à 10h00. La rétention a été prolongée de 30 jours. La décision étant non suspensive, Hovhannes Sarhadyan peut être expulsé à tout moment.
Un nouveau rassemblement a lieu ce vendredi 16 août à 14h00 devant la préfecture de Rodez : venez nombreux pour ce nouveau rendez-vous. Libérez Hovo !
Signez la pétition pour la libération d’Hovhannes Sarhadyan sur change.org
Nous n’admettons pas ces arrestations alors que nos compagnes et compagnons mènent une vie, au sein de nos communautés, tranquille sans souci aucun avec les forces de l’ordre ou la justice.
Elles et ils participent au bien-être du territoire dans lequel elles et ils habitent.
Les communautés Emmaüs sont là pour accueillir celles et ceux dont, très souvent l’Etat se désintéressent ; elles pratiquent, grâce notamment au travail de celles et ceux que vous arrêtez aujourd’hui, une solidarité locale, nationale et internationale très active et très forte. Eh oui !!! Les plus humbles, les plus souffrants, les plus « pauvres » sont ceux qui aident le plus leur prochain.
Nous n’acceptons pas cette politique du haro sur le plus souffrant et le plus faible.
Nous n’acceptons pas que certains préfets ne respectent pas totalement la loi alors qu’elle a été votée, notamment la loi entrée en vigueur le 1er mars 2019 sur les possibilités de régularisation.
Nous n’acceptons pas que soit bafoué quotidiennement l’article 13 et que l’Etat français soit depuis 71 ans un Etat sans respect de sa parole sur ce sujet.
Nous prendrons dès maintenant toutes les mesures nécessaires pour protéger les plus souffrants, les plus démunis, les plus délaissés.
Nous mettons le principe d’humanité au-dessus de toutes les lois humaines qui nous semblent mettre en danger les personnes.
Nous demandons que cessent ces arrestations et que les personnes qui vivent tranquillement sur le territoire français en participant activement à son enrichissement ne soient plus inquiétées.