La mobilité est aujourd’hui au cœur des questions de précarité. Véritable frein dans l’accès à l’emploi, elle suscite un nombre croissant de demandes auprès des 60 Groupes SOS Familles Emmaüs du Mouvement, dont les bénévoles accompagnent quotidiennement des personnes en situation de précarité. Exemple avec Denis, bénévole au SOS Familles Emmaüs de Toulouse, et Caroline, accompagnée sur une demande de prêt pour acheter un véhicule.
Après six ans d’expérience en tant que bénévole au SOS Familles Emmaüs de Toulouse, Denis constate une évolution très nette de la nature des demandes, qui touchent de plus en plus aux questions de mobilité : « On se rend compte que beaucoup de gens n’ont pas d’autre solution que d’avoir un véhicule personnel pour se déplacer. Soit parce que le réseau de transports en commun ne va pas jusqu’à eux, soit parce que les personnes travaillent sur des horaires décalés. »
C’est le cas de Caroline, dont l’activité professionnelle est faite de missions temporaires dans le secteur médico-social, parfois éloignées de son lieu de vie. En février 2020, sa voiture est tombée en panne et le devis soumis par la garagiste s’est avéré bien trop élevé pour elle. Soudainement sans voiture, elle s’est retrouvée dans une situation délicate, contrainte de refuser des missions trop éloignées de chez elle, fragilisant ainsi un équilibre financier déjà précaire : « Je ne pouvais plus travailler. Mon travail m’amène habituellement à commencer très tôt le matin ou à finir tard le soir et je ne peux pas prendre les transports en commun. J’ai renoncé à beaucoup d’offres de travail à domicile à ce moment-là. », explique-t-elle.
Comme de nombreuses personnes en situation de précarité, Caroline s’est vue refuser un prêt par sa banque. Elle s’est alors tournée vers le SOS Familles de Toulouse afin d’obtenir de l’aide. Mais les besoins étant devenus très importants, l’association n’est plus en mesure d’assurer financièrement les avances nécessaires, d’autant qu’elle a eu à faire face à « des échecs de paiement » comme l’explique Denis, avant de poursuivre : « on a donc noué un partenariat avec le Crédit Municipal, qui a la surface financière pour prêter, mais qui n’accueillent pas directement les demandeurs ».
Lié au l’institution municipale par une convention, le SOS Familles de Toulouse a pour rôle d’accompagner les personnes dans la constitution de leur dossier, et à s’assurer qu’il soit considéré comme recevable. Au terme d’une procédure souvent « très longue pour les demandeurs qui sont parfois dans des situations extrêmement délicates », comme le déplore Denis, un prêt allant de 3000 à 5000€ peut être octroyé par le Crédit Municipal pour l’achat d’un véhicule. Une somme qui ne permet de s’acheter qu’un véhicule d’occasion, mais que Denis met néanmoins en balance avec les nombreuses aides de l’Etat pour s’équiper de véhicules récents et moins polluants, regrettant que les publics qu’il reçoit ne puissent pas bénéficier de ces opportunités, faute de ressources financières suffisantes.
Dans le cas de Caroline, « le dossier a été déposé en octobre 2021 et elle n’a eu la réponse qu’en février 2022. Heureusement, elle travaillait à ce moment-là dans un établissement non loin de son domicile », explique le bénévole. Désormais, Caroline dispose de sa voiture, et abonde dans le sens de Denis sur l’importance de la mobilité : « Cette voiture était importante pour que je puisse répondre aux offres d’emploi autour de chez moi, mais ça change la vie quotidienne aussi, pour mes déplacement personnels et pour faire des courses. Avant je faisais ça à pieds et je ne pouvais pas ramener grand-chose ».
Emmaüs – Nos 25 revendications pour une société hospitalière, solidaire et écologique
Retrouvez en page 24 le chapitre dédié à l’inclusion financière et aux solutions de mobilité pour les personnes en situation de précarité.