Entre 2023 et 2024, un atelier d’écriture a réuni des membres de la Ferme de Ker Madeleine, située à quelques kilomètres de Nantes (44). Dans cette structure qui accueille des résidents-salariés en fin de peine de prison, le projet a rencontré un véritable engouement et suscité de nombreux textes. Porté par une bénévole passionnée, la dynamique a permis la réalisation d’un recueil, publié chez L’Harmattan et disponible depuis le 13 mars.
Un an d’ateliers d’écriture et un ouvrage en guise de conclusion. Entre 2023 et 2024, une vingtaine de résidents, bénévoles, et d’autres personnes de passage ont participé à des ateliers d’écriture à la Ferme de Ker Madeleine. Celle-ci accueille des personnes en fin de peine dans le cadre d’un placement extérieur autour d’une activité de maraichage.
Chaque séance a débuté par un jeu inspiré du théâtre forum, afin de créer un climat de confiance. Après un temps dédié à la lecture d’un texte littéraire inspirant l’exercice d’écriture, les participant·e·s étaient invité·e·s à écrire une quarantaine de minutes et pouvaient ensuite lire leurs productions. Après une année d’ateliers, 54 textes ont été réunis en un recueil, valorisant ainsi le travail de 10 participant·e·s. Ces textes, qui n’ont fait l’objet d’aucune modification syntaxique, s’intéressent à des sujets divers, ouverts sur le monde, et toujours engagés.
C’est Charlotte Abaziou, professeure de Lettres modernes, qui a initié le projet. Intéressée depuis des années par les alternatives à la prison et la justice transformatrice, elle a rejoint les bénévoles de la Ferme de Ker Madeleine. Son expérience de la pratique de l’écriture en ateliers au sein du milieu carcéral l’a amenée à en constater les bienfaits, pour tous les publics : « Les ateliers sont là pour briser la mutilation de la parole provoquée par la prison, créer du lien entre les différentes personnes qui participent à la vie collective de la ferme. La mixité générationnelle, sociale, de genre et d’origine est une richesse politique profonde de Ker Madeleine. »
Au-delà de l’exercice d’expression, les ateliers ont proposé un rendez-vous régulier aux participant·e·s, un espace d’écoute bienveillant contribuant à l’animation du collectif, comme en témoigne Catherine, bénévole : « L’atelier m’a apporté beaucoup de connivence et de sympathie avec les autres participants, puisque nous sommes très souvent vrais dans nos écritures et qu’on livre une partie de notre intimité. »
Un constat confirmé par Jeanne, Service civique en immersion à la ferme : « participer aux activités avec les résidents est un biais pour mieux les comprendre, mais aussi partager un moment suspendu dans un contexte où parfois le quotidien peut être lourd et compliqué. »
Les ateliers d’écriture à la Ferme de Ker Madeleine offrent un espace sécurisant d’expression, de créativité, de partage et de confiance en soi. Ils encouragent à faire collectif et invitent à l’expérimentation et à l’ouverture, à l’image du projet porté par les 5 fermes du Mouvement Emmaüs (3 autres fermes sont encore en projet). Pensées comme des espaces de transition entre la détention et la liberté, les fermes Emmaüs sont des lieux de vie collective qui, pour favoriser la prise d’initiatives, la mise en responsabilité et l’autonomie, misent sur le travail, le respect et la confiance. Elles accompagnent une soixantaine de résident·e·s, parmi les 1 250 personnes placées sous main de justice accueillies chaque année au sein du Mouvement.
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Les ateliers d’écriture à Emmaüs – Une expérimentation en dehors des murs des prisons, sous la direction de Charlotte Abaziou, publié aux éditions L’Harmattan, est à retrouver en librairie depuis le 13 mars.
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