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L’écologie du quotidien selon Emmaüs 

L’écologie du quotidien selon Emmaüs 

Face à l’urgence climatique et au constat d’un manque d’ambition de la part des gouvernements qui se succèdent, Emmaüs revendique son rôle d’acteur de l’écologie. Une étude, réalisée avec la Fondation Jean-Jaurès et La Fabrique Écologique à l’issue de deux années de « conventions citoyennes » au sein du Mouvement, met en lumière une « écologie du quotidien » ancrée dans nos pratiques et loin des injonctions des pouvoirs publics. Cette expérience relativise les affirmations de « backlash écologique » qui opposent écologie et social. Elle met des mots sur ce que serait une alternative globale réellement transformatrice, sobre et solidaire, sobre car solidaire. 

Et si Emmaüs faisait de l’écologie depuis plus de 70 ans… sans le savoir ? C’est la conclusion d’une étude publiée récemment, suite à une série de conventions. Ces rencontres ont été organisées au sein du Mouvement, aux Ateliers du Bocage (79), à Terre de Milpa (69) et à la Maison des réfugiés avec Emmaüs Solidarité (75). Elles ont offert un regard unique sur la manière dont les enjeux écologiques sont compris, débattus et vécus par des publics variés, y compris des personnes en situation de grande précarité. Elles ont révélé une « écologie au plus proche de la réalité », ancrée dans le quotidien, les contraintes matérielles et les aspirations à la dignité. 

L’écologie au sein d’Emmaüs s’illustre par des activités historiques de récupération, de tri, de réparation et de mise en vente d’objets de « seconde main », mais pas seulement. Plus récemment, de nouvelles activités et pratiques se sont développées : agriculture paysanne à Emmaüs Le Maquis (47), construction écologique à Emmaüs Terre (35), mobilité douce à Emmaüs Ruffec (16)… Cette écologie, active mais non revendiquée comme telle, s’inscrit dans une logique positive et inclusive. Elle repose sur des valeurs fondamentales – solidarité, dignité, partage, espoir – et déculpabilise la transition écologique, en la rendant accessible et collective plutôt que punitive

Les conventions citoyennes organisées par Emmaüs ont mis en évidence que les politiques écologiques ne peuvent réussir sans un socle de solidarité préalable. Cette expérience relativise les affirmations de « backlash écologique » qui opposent écologie et social. À Emmaüs Pamiers (09), par exemple, un partenariat permet chaque année de fournir cinq tonnes de légumes bio aux Restos du Cœur, à tarif solidaire : une initiative qui combine effets sociaux et bénéfices environnementaux.  

Cette écologie que nous portons, au plus proche de la réalité, n’est pas épargnée par les contraintes de terrain. En premier lieu, le cadre matériel et immobilier : les écogestes sont plus difficiles à mettre en œuvre dans un bâtiment qui mérite d’être rénové afin d’être plus performant. En deuxième lieu, le cadre économique et financier : certaines activités essentielles, comme la mobilité solidaire, restent très déficitaires et dépendent d’un soutien public incertain. Et en dernier lieu, le cadre organisationnel et humain : l’efficacité écologique implique d’être aidé par d’autres acteurs, publics (collectivités locales, services publics), privés ou appartenant à la société civile (entreprises, coordination d’associations, fondations…) et repose sur des dynamiques collectives et des partenariats locaux renforcés.   

Pour amplifier la dynamique, La Fabrique Écologique, Emmaüs et la Fondation Jean-Jaurès proposent notamment :  

  • la création de « Tournées de la sobriété solidaire », inspirées des Journées du Patrimoine, pour mettre en place des visites des communautés Emmaüs pour une découverte concrète des dérives de la société de consommation ; 
  • le questionnement systématique de la notion de « backlash écologique », trop souvent décrété, alors qu’il doit être analysé pour chaque secteur (mobilité, logement, alimentation, consommation…) en parallèle d’une réflexion globale sur le projet de société que nous voulons ; 
  • la généralisation de la délibération citoyenne comme outil de pilotage de la transition écologique ;  
  • le soutien aux laboratoires d’écologie du quotidien, en mettant là encore l’accent sur des sujets concrets (mobilité, alimentation, santé, logement, emploi…) ;  
  • l’articulation systématique des investissements sociaux et écologiques, et cela à toutes les échelles de l’action publique.   
 Depuis 5 ans les compagnons d’Emmaüs Pamiers (09) cultivent un jardin potager en permaculture