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La « Petite Pause » d’Emmaüs Habitat, un lieu pour rompre l’isolement des séniors

La « Petite Pause » d’Emmaüs Habitat, un lieu pour rompre l’isolement des séniors

Inaugurée en novembre 2024 au sein de la résidence Les Hauts de la Viosne, La Petite Pause d’Osny (95) contribue à rompre l’isolement des personnes âgées les plus fragiles. En valorisant le collectif, Emmaüs Habitat apporte ainsi une réponse au vieillissement de ses locataires.

À La Petite Pause, le planning est riche en activités. Il est possible de participer à une session gym douce le matin et à un atelier tablette numérique l’après-midi. On peut faire un tour en bateau mouche sur la Seine puis s’ouvrir au monde avec un diaporama sur la Côte d’Ivoire. Voilà un résumé de ce que propose ce lieu de proximité et de vie partagée, porté par Emmaüs Habitat depuis 2024. Installé dans un Quartier Prioritaire de la Politique de la Ville (QPV) à Osny, il est essentiellement destiné aux locataires des 17 logements inclusifs construits par ce bailleur social du Mouvement Emmaüs. Il s’agit du deuxième en Ile-de-France, après celui de Saint-Ouen-L’Aumône créé en 2015. 

La Petite Pause accueille toute l’année une vingtaine de personnes, désormais habituées à fréquenter le lieu. Elles n’ont pour la plupart qu’à faire quelques mètres pour rejoindre ce local moderne et accessible, où il règne une ambiance conviviale. Toutes et tous ont plus de 65 ans et représentent plus de 10 nationalités différentes. Certain·e·s habitent la résidence depuis plus de 70 ans. Mohammed, Evelyne, Carolina ou Marguerite (dite « Margot ») sont parfois rejointes par d’autres habitant·e·s du quartier, que l’on appelle les « sympathisant·e·s ». Ces personnes habitent les résidences voisines et ont eu vent de La Petite Pause grâce au bouche-à-oreille. Retraitées et souvent isolées, elles peuvent bénéficier des activités proposées chaque jour et de manière collective.

Et à La Petite Pause, « collectif » n’est pas un vain mot : les décisions se prennent ensemble ! Adeline Metin a été recrutée à l’automne dernier pour animer ce dispositif peu commun. Si son expérience de près de 20 ans passés en Ehpad l’aide au quotidien pour trouver des partenaires et proposer des activités, la décision revient aux locataires. « Chaque mois, on se réunit pour le comité de programmation. Tout le monde peut partager une idée. Comme je suis artiste, ça m’est arrivé de proposer de faire de la gravure…  J’aime aussi la marche au parc et les activités sportives » explique Mohammed, 87 ans, qui fréquente La Petite Pause tous les jours. Depuis janvier, plus de 1 300 participations ont ainsi été recensées. Le tout en moins d’un an d’existence.

Pour Adeline Metin et Richard Comte, responsable de l’habitat inclusif chez Emmaüs Habitat, l’animation est pensée comme « un soin social ». La thématique du soin est très présente dans le programme, notamment pendant l’été. Les bons gestes pour se rafraîchir sont régulièrement rappelés et les activités adaptées. Tout au long de l’année, Adeline est vigilante au moral et à la santé des locataires. « Mon poste me laisse plus de temps pour l’accompagnement individuel qu’en Ehpad. Je fais aussi le lien avec certaines familles, c’est pourquoi je reste très attentive. L’ambiance est familiale ici, tout le monde veille les uns sur les autres, prend des nouvelles lorsque quelqu’un manque… C’est important que chacune et chacun s’implique dans la vie en collectif. »

D’ailleurs, la vie collective contribue à l’autonomisation des personnes. En l’absence de l’animatrice, chacune et chacun est invité·e à venir en toute autonomie. « Aujourd’hui, on s’appelle et on se voit en dehors. On rigole beaucoup ! Des liens se sont créés et on se propose parfois de se retrouver ou de venir même quand Adeline n’est pas là ! » explique Margot, 68 ans.

En moins d’un an, La Petite Pause s’est rapidement inscrite dans la dynamique du territoire. Elle propose des activités en lien avec les structures locales (service municipal de la jeunesse, bricothèque de la résidence, CCAS…), pour stimuler les personnes âgées et favoriser le vivre-ensemble. Elle prend aussi parfois le relais de la collectivité dans ce quartier où les démarches administratives ne sont pas toujours accessibles. « Les personnes ne sont pas assez renseignées, notamment sur l’accès aux droits. La barrière de la langue peut aussi être un frein », déplore Adeline. Pour accéder à La Petite Pause, toutes les personnes ont dû remplir une demande d’aide à la vie partagée. Adeline les accompagne dans cette démarche. Le projet est soutenu par une subvention du Conseil départemental, à hauteur de 5000 € par personne et par an.

Parmi les 15 000 logements sociaux Emmaüs Habitat en Ile-de-France :
 • 48% du patrimoine classé Quartier Prioritaire de la Politique de la Ville (QPV)
 • 40% des locataires ont 60 ans et plus, dont 46% vivent en QPV
 • 2/3 ont moins de 1050 € de ressources mensuelles
 • 1/3 des locataires vivent en dessous du seuil de pauvreté une fois à la retraite

La Petite Pause d’Osny apporte plus d’un bénéfice aux locataires, qui ne sont d’ailleurs pas seul·e·s à les constater ! « En venant ici, j’espérais passer du temps avec d’autres personnes. Je voulais faire des choses que je ne faisais pas ailleurs. La gym m’a permis de gagner en mobilité dans les bras. Mes enfants me voient changer ! Ils ne me pensaient pas capable de faire tout ce que je fais aujourd’hui », raconte fièrement Evelyne, 80 ans. Toutes et tous soulignent l’importance dans leur quotidien de ce dispositif, devenu comme « un deuxième chez-eux ». Face à l’enthousiasme suscité, une nouvelle « Petite pause » verra le jour à Aulnay-sous-Bois (93), fin 2025.