Un camp de réfugiés ouvre ses portes aujourd’hui à Grande Synthe, composé de 200 cabanons et pouvant accueillir jusqu’à 2500 personnes. Un lieu qui va permettre aux exilés de quitter le campement insalubre qu’ils occupaient jusqu’alors dans des conditions insoutenables. Pendant des mois, la communauté de Dunkerque y a assuré des distributions alimentaires tous les vendredis. Reportage.
Depuis l’automne 2014, le Mouvement Emmaüs est mobilisé pour venir en aide aux exilés de Calais, Grande-Synthe et alentours. Convois chargés de matériel, construction d’abris, distributions alimentaires… Des acteurs Emmaüs de la France entière sont allés apporter leur soutien à la communauté de Dunkerque, engagée aux côtés des personnes migrantes depuis des années.
« Il y a toujours eu des exilés à Grande Synthe, explique Sylvie, responsable de la communauté. Mais leur nombre est passé de 300, en septembre dernier, à 1500 aujourd’hui.» Après Calais, la ville a désormais son propre campement, où s’entassent des centaines et des centaines de personnes, dans la boue, le froid, la misère. « Communautés, comités d’amis et nombreux militants du Mouvement Emmaüs sont venus apporter leur soutien : ça nous aide vraiment à tenir, même si notre action n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan…», ajoute-t-elle.
Diaporama
« Journée ordinaire à la communauté Emmaüs de Dunkerque »
(Photos d’Alex Bonnemaison)
« J’ai vécu dans la rue pendant plusieurs années, raconte Patrice, compagnon à Dunkerque, mais jamais comme ça. Ici, c’est l’enfer : il n’y a pas de mots pour décrire ce qui se passe dans ce camp, où tentent de survivre des bébés, des enfants, des familles. »
Pour éviter le gaspillage, les associations de solidarité assurent tour à tour les distributions alimentaires. Un jour de la semaine est attribué à chacune d’entre elles : le vendredi, c’est Emmaüs. Réception des denrées, préparation du plat chaud, répartition des aliments dans des sachets, puis distribution aux exilés…
Quatre heures plus tard, il ne reste rien. Les visages sont graves, l’humeur triste, les pensées lointaines. Chacun est infiniment marqué, choqué, ému par ces quelques heures, à la fois très concrètes et irréelles. « Concrètes », car l’action de solidarité est là et bien là. « Irréelles », car tout le monde s’interroge : comment une telle situation peut-elle exister, perdurer, s’aggraver dans notre pays ?
Les convois solidaires Emmaüs pour Calais (au 1er janvier 2016)