Devenue Communauté Emmaüs en 2020 après avoir été une maison de vacances du Mouvement pendant près de trente ans, Primelin est aujourd’hui un tiers-lieu en pleine gestation. Ses Compagnes et Compagnons font vivre un projet d’accueil ouvert à toutes et tous, qui relève du tourisme social et solidaire. Et ça marche.
La saison estivale touche à sa fin et Alexandre Le Pen, responsable de la Communauté de Primelin, ne cache pas sa satisfaction : « Ça fait trois étés qu’on est complets ! On a accueilli plus de 1100 personnes à Primelin depuis 2020. Ça représente plus de 7000 nuitées, avec environ 80% de personnes issues du Mouvement Emmaüs. Tout ça avec 2 personnes, une Compagne et un Compagnon, au début, et 4 aujourd’hui ». Un bilan qui contraste avec la fréquentation plutôt morose du lieu à la fin des années 2010, quand celui-ci n’était encore qu’une maison de vacances.
Un lieu, des projets d’accueil
Devenue Communauté Emmaüs à l’autonome en 2020, Primelin a recruté un responsable pour porter un projet de développement de l’hébergement touristique sur le secteur. Avec l’aide des deux premiers Compagne et Compagnon accueillis, Patricia et Roger, Alexandre Le Pen a donc relancé l’activité du lieu avec un fil rouge : faire de Primelin un lieu ouvert non seulement aux membres du Mouvement Emmaüs, mais aussi aux acteurs du territoire, et aux touristes de passage dans la région.
Fondée principalement sur cette activité d’hébergement, la Communauté a bénéficié du soutien d’Emmaüs Innove pour son projet de tiers-lieu, qui nécessite d’importants travaux. Pourquoi ? Il s’agit d’abord d’augmenter la capacité d’accueil. Ainsi, la partie habitat des Compagnes et Compagnons va être entièrement rénovée et agrandie pour aboutir à 5 logements au total, qui permettront d’accueillir 10 Compagnes et Compagnons au maximum. Ce sont eux qui contribuent en grande partie à la gestion de l’hébergement touristique, et profitent ainsi de la richesse des rencontres de toutes les personnes de passage. Ce pan de l’activité de Primelin disposera à terme de 14 logements en dur, qui pourront accueillir jusqu’à 45 personnes. À cette nouvelle offre de logements, s’ajoutent trois modules d’habitat léger et low tech, qui viendront compléter l’offre touristique pendant la haute saison touristique. Profondément fidèle aux valeurs d’Emmaüs, le projet prévoit que l’ensemble des hébergements touristiques pourront répondre à des besoins différents, notamment pour des personnes en situation de mal logement, « dans une région où le taux de résidences secondaires dépasse les 50% », rappelle Alexandre. Les travaux qui débutent tout juste se dérouleront par phase, avant de s’achever courant 2024.
Un tiers-lieu Emmaüs en pleine croissance
Mais Primelin voit plus loin et a conçu un véritable projet de tiers-lieu qui assure une fonction d’espace de mixité sociale et culturelle, tout en s’inscrivant pleinement dans la transition écologique. Une épicerie en circuit-court a ouvert ses portes en partenariat avec les producteurs locaux, ainsi qu’une boutique Emmaüs, qui connait un succès croissant, comme le confirme Alexandre : « On ne s’y attendait pas à ce point, mais les gens cherchent la boutique Emmaüs presque comme une étape touristique ! »
À l’image du potager créé pour alimenter tant la Communauté que les personnes en séjour, le lieu s’envisage avant tout comme un levier de démocratisation de l’accès aux vacances, dans la bienveillance, le partage et la convivialité. Pour contribuer à servir cet objectif, Emmaüs Primelin a également commencé à travailler sur des projets culturels et de loisirs qui devraient ravir le plus grand nombre. Au croisement entre résidences culturelles et programmations d’événements variés, comme le Mégaphone Tour. Les personnes de passage pourront aussi profiter d’une grande diversité d’activités proposées soit directement par la Communauté, soit par des structures locales avec lesquelles des partenariats ont été noués progressivement.
Les grands travaux de réhabilitation qui débutent permettront également de proposer un espace restauration de 15 à 30 couverts, ainsi qu’une salle d’activité à la mesure des futures capacités d’accueil du lieu. Autant d’arguments qui devraient finir de convaincre les visiteurs en quête d’air breton.