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Centre abbé Pierre - Emmaüs : un lieu où passé et présent se conjuguent avec la solidarité

Centre abbé Pierre - Emmaüs : un lieu où passé et présent se conjuguent avec la solidarité

Un anniversaire s’ajoute à l’autre dans le Mouvement Emmaüs. 15 ans après la mort de l’abbé Pierre, le Centre abbé Pierre – Emmaüs situé à Esteville (Normandie) fête ses 10 ans en 2022. Un double anniversaire marqué par des célébrations, dont la pose de la première pierre d’une nouvelle résidence sociale. Rencontre avec Philippe Dupont, directeur de ce lieu notamment dédié à la mémoire de l’abbé Pierre, mais pas seulement…

On évoque souvent le fait que l’abbé Pierre a beaucoup séjourné à Esteville, de 1964 à sa mort en 2007, mais quels autres usages le lieu a-t-il connus ? 

Le lieu a connu 4 principales périodes depuis 1964. Il a d’abord accueilli des « compagnons bâtisseurs » qui, comme leur nom l’indique, on construit et rénové beaucoup de bâtiments sur place ou dans les environs. Ensuite, c’est devenu en 1973 une maison de retraite pour compagnons. Il n’y avait pas l’activité traditionnelle qu’on trouvait dans les communautés mais ils participaient quand même à des activités adaptées à leur âge (philatélie, atelier de fabrication de couverture avec des carrés de laine, etc.).

En 1999, Esteville est devenu un centre d’hébergement géré par Emmaüs Solidarité pour des personnes en séjours de rupture après un passage par la rue, et orientées ici par des maraudes ou des travailleurs sociaux. Cette activité a duré jusqu’en 2015, et depuis, nous avons une activité sociale réduite avec 1 compagnon retraité qui vit ici, et un suivi social extérieur en complément de ce que peuvent faire les assistantes sociales.

Depuis 10 ans, le lieu est aussi un musée qui retrace la vie du fondateur d’Emmaüs. Dans quel contexte le projet a-t-il vu le jour ?

Le projet de musée est né de l’envie conjointe du public, de la famille de l’abbé Pierre et du Mouvement Emmaüs. Aussitôt après son décès, des personnes se sont présentées ici et voulaient visiter sa chambre, la chapelle, et se recueillir sur sa tombe. Ça s’est fait de façon un peu improvisée et ça s’est su. Il fallait répondre à cette volonté des gens.

Sa famille, représentée par ses neveux, s’est aussi investie dans le projet en devenant membre-fondateur de l’Association Centre abbé Pierre – Emmaüs (ACAPE) et en étant partie prenante du lancement du projet. Enfin, sous l’égide d’Emmaüs International, héritier de l’abbé Pierre et légataire universel, avec Emmaüs France, la Fondation Abbé Pierre et Emmaüs Solidarité, qui gérait le centre d’hébergement à l’époque, c’est tout le mouvement qui s’est mobilisé. Un comité de pilotage a été créé, un conseiller qui avait une expérience dans la création de musées et un architecte ont été sollicités.

Le Centre abbé Pierre – Emmaüs est donc devenu un lieu de mémoire important mais continue à agir comme un acteur de solidarité ?

Nous sommes 9 salariés et 115 bénévoles en tout et pour tout. Une grosse dizaine d’entre eux vient ici plusieurs fois par semaine, quand d’autres participent essentiellement à nos 3 manifestations de l’été, sur les 7 que l’on organise chaque année : deux commémorations (l’une autour de la naissance de l’abbé Pierre, destinée aux enfants, et une autre autour de la mort de l’abbé Pierre), trois grandes ventes, et deux expositions. On développe aussi un programme pédagogique agréé par l’Education nationale et destiné aux jeunes du CE1 jusqu’au supérieur sur le bénévolat, la solidarité, etc. On reçoit entre 700 et 1200 jeunes par an. L’abbé Pierre avait créé à Esteville une bibliothèque d’un millier de livres et y accueillait des personnes pour qu’elles viennent suivre des formations sur les questions de développement, de lutte contre la pauvreté, etc. On y revient avec ce projet pédagogique.

Sept ans après la fermeture du centre d’hébergement géré par Emmaüs Solidarité, qu’est-ce qui a conduit à relancer un dispositif d’accueil avec la future résidence ?

L’idée c’était que la maison de l’abbé Pierre ne soit pas qu’un lieu de mémoire mais aussi un lieu de vie. C’est aussi une question d’énergie. Il y a une bonne énergie dans le fait de continuer l’action sociale et d’ailleurs, l’équipe du Centre abbé Pierre – Emmaüs n’a pas cessé son engagement social et militant.  On a donc voulu relancer un projet d’accueil et c’est pour cela qu’on a posé la première pierre de notre pension de famille le 22 janvier dernier. Elle sera gérée par Emmaüs Alternatives et accueillera 22 personnes qui vivront en autonomie, accompagnées par des travailleurs sociaux. L’inauguration est prévue pour la fin de l’année 2022.