« Nous ne pourrions ni soutenir ni participer à ce projet de démantèlement qui annihile tout ce travail alors qu’il reste utile. »
Monsieur le Président de la République,
Madame Cosse et Monsieur Cazeneuve ont réuni la semaine dernière les associations pour présenter le plan de démantèlement de la « jungle » de Calais où vivent dans des conditions indignes des milliers de personnes exilées.
Nous avons fait savoir aux ministres que nos associations soutiendraient un tel plan, et pourraient l’accompagner, si toutes les mesures permettant la protection et le respect des droits fondamentaux de ces personnes étaient garanties. Vous vous êtes, vous-même, rendu sur place et vous avez rappelé la volonté de l’Etat de trouver une solution digne et efficace à ce drame humanitaire.
Cependant, il reste une question en suspens concernant le démantèlement du bidonville : s’agit-il de la disparition progressive de tous les équipements créés depuis deux ans y compris le centre d’accueil de jour Jules Ferry et le centre d’accueil provisoire (CAP) ?
Nous souhaitons que ces équipements persistent afin d’apporter une solution humaine et digne à la situation très complexe des exilés souhaitant – quelle que soit leur motivation – se rendre en Grande Bretagne à partir de Calais. Dans le cas contraire, nous reviendrions exactement à la situation qui a prévalu pendant des années après la fermeture du centre de Sangatte : l’abandon total de centaines d’hommes, de femmes et d’enfants vivant dans les rues, squats et bois du Calaisis, encore davantage soumis aux réseaux criminels et dangers de toutes sortes, été comme hiver.
Nul ne croit sérieusement qu’il n’y aura plus de tentatives de passage vers la Grande Bretagne ; nul ne croit sérieusement que les migrants ne se dirigeront plus du jour au lendemain vers Calais. Alors comment répondre de façon pragmatique et humaine à cette situation difficile ? C’est à cette question que nous avons travaillé depuis des années, longtemps sans aucun soutien de l’Etat, depuis trois ans avec un cheminement difficile mais réel, en partenariat.
Nous ne pourrions ni soutenir ni participer à ce projet de démantèlement qui annihile tout ce travail alors qu’il reste utile.
Nous vous demandons, Monsieur le Président, de confirmer le maintien du dispositif humanitaire du Centre Jules Ferry et du CAP tant que les flux de migrants vers Calais continueront et de faire en sorte que le travail des pouvoirs publics avec les associations demeure un travail en confiance et en transparence.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, à notre haute considération.
◉ Signataires : Secours catholiques /// L’auberge des migrants /// FNARS /// Médecins du monde /// Emmaüs France
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