La Ferme de Moyembrie a été la première du genre. Entrée dans le Mouvement Emmaüs en 2009, elle est alors porteuse d’un dispositif inédit pour des personnes en fin de peine de prison. Autour d’un projet d’agroécologie, elle leur propose un hébergement, un accompagnement socioprofessionnel et une activité d’insertion, comme un sas entre la prison et le retour à la liberté. Un projet qui a démontré son efficacité au fil du temps, et convaincu Emmaüs comme ses partenaires de la possibilité de répliquer le modèle ailleurs sur le territoire. D’ici fin 2023, ce sont 10 fermes Emmaüs qui accueilleront des personnes placées sous main de justice.
Né de la rencontre de l’abbé Pierre et de Georges Legay, un ancien bagnard, Emmaüs est historiquement investi dans l’accueil et l’accompagnement de personnes ayant été condamnées à des peines de prison. Par ailleurs, depuis le milieu des années 80, différentes structures Emmaüs accueillent des personnes condamnées à des Travaux d’Intérêt Général (800 en 2021). Le Mouvement milite aussi pour de véritables mesures de déflation carcérale, et pour sortir d’une vision exclusivement punitive de la peine, qui est loin d’offrir les conditions propices à un retour serein et réussi à la liberté. C’est au contraire un véritable cercle vicieux entre la prison et la pauvreté qui caractérise le système carcéral français, comme l’ont d’ailleurs pointé Emmaüs France et le Secours Catholique dans une étude récente, résultat d’un long travail d’enquête auprès de personnes détenues, et assortie de 25 recommandations.
Projet d’essaimage : la duplication du modèle de la Ferme de Moyembrie
Entrée dans le Mouvement Emmaüs en 2009, la ferme de Moyembrie accueille une quarantaine de personnes en fin de peine de prison chaque année, pour des durées allant de 6 mois à 2 ans. L’expérience s’est avérée concluante puisqu’après 9 mois de présence (en moyenne) à la ferme, on compte 60% de sorties dynamiques au regard de l’emploi : trois mois après leur sortie de la ferme, les personnes concernées ont en emploi, ou sont en formation. Toutes sortent avec une solution de logement ou d’hébergement.
Fort des résultats encourageants présentés par la Ferme de Moyembrie, le Mouvement Emmaüs a souhaité lancer en 2016 une grande dynamique nationale d’essaimage du projet porté par cette structure, dans le cadre d’un partenariat étroit avec la Direction de l’Administration Pénitentiaire.
Des travaux de capitalisation et d’outillage ont été réalisés par Emmaüs et une étude sur l’impact social de la ferme a été réalisée en 2019 par un cabinet indépendant. Grâce à l’appui d’Emmaüs France, deux nouvelles structures ont vu le jour : la Ferme Emmaüs Lespinassière est la deuxième à avoir ouvert ses portes dans l’Aude en 2016, suivie de la Ferme Emmaüs Baudonne, installée dans les Landes en 2020, qui accueille exclusivement des femmes.
Dans ce contexte, de nombreux porteurs de projets ont manifesté leur intérêt pour développer à leur tour ce type de structures. Le Mouvement Emmaüs a donc décidé d’organiser un collectif, au sein duquel les responsables des structures existantes et de celles à venir peuvent partager leur expérience et échanger sur leurs projets. Quatre projets similaires sont en cours de développement avec le soutien du Mouvement, pour atteindre l’objectif de 60 places d’accueil supplémentaires d’ici 2023, qui viendront s’ajouter aux 64 existantes. Le Mouvement Emmaüs disposera ainsi d’une ferme dans chaque interrégion pénitentiaire, soit 9 fermes sur l’ensemble du territoire, et d’autant de structures favorisant les chances de réinsertion des personnes sortant de prison.
À ce jour, 5 fermes sont en fonctionnement :
- Ferme de Moyembrie (Aisne), avec 20 places de placement extérieur
- Emmaüs Lespinassière (Aude) depuis mai 2018, avec 10 places
- Ferme Emmaüs Baudonne (Landes) depuis janvier 2020, avec 12 places
- Sources d’envol (Loire-Atlantique), depuis septembre 2021, avec 10 places
- Emmaüs Maisoncelle (Vienne), depuis mai 2022, avec 12 places
4 projets sont en cours de développement :
- Objectif Ferme (Orne), ouverture de 10 places 2022
- Emmaüs Mundolsheim (Bas-Rhin), ouverture de 10 places prévue en 2022/2023
- Le Village (Vaucluse), ouverture de 12 places prévue en 2022/2023
- Ferme des Fruits de la Terre (Saône-et-Loire), ouverture de 20 places prévue en 23
Emmaüs – Nos 25 revendications pour une société hospitalière, solidaire et écologique
Retrouvez en page 20 le chapitre dédié aux enjeux Justice & prison.