Donnez une seconde vie aux objets Où donner ? Où acheter ?

Espace presse / Fédération Emmaüs France

Un an après, Emmaüs poursuit son action de transparence et complète le dispositif de réparation

Un an après, Emmaüs poursuit son action de transparence et complète le dispositif de réparation

Depuis les premières révélations en juillet 2024 concernant les violences sexuelles commises par l’abbé Pierre, le mouvement Emmaüs a fait le choix de la transparence et de l’attention portée aux victimes, dont nous saluons le courage et que nous remercions pour leur confiance. Ce choix s’est traduit par la mise en place d’un dispositif inédit d’écoute, d’accompagnement, d’enquête sociologique et historique et de réparations, pensé pour accueillir la parole des victimes, leur apporter un soutien et construire une reconnaissance sincère des faits, dans toutes leurs dimensions.

À travers cette démarche, Emmaüs poursuit un double objectif : faire face à la réalité des violences commises tout au long de sa vie par l’abbé Pierre, et placer l’accompagnement des victimes au centre de toutes ses actions.

Un dispositif d’écoute maintenu sans interruption

Dès les premières publications de témoignages à l’été 2024, Emmaüs a confié au groupe Égaé la mise en place et l’animation d’un dispositif d’écoute et de recueil de la parole des victimes dans le cadre d’un appel à témoignage qui a donné lieu à la publication de 3 documents de synthèse, le dernier au mois de janvier 2025. A la suite de ce dispositif, Emmaüs a ensuite souhaité maintenir une ligne d’écoute à destination des victimes de l’abbé Pierre qui ne se seraient pas exprimées dans le cadre de l’appel à témoignages (compte-rendu d’activité de la ligne d’écoute janvier – juillet 2025).  C’est dans ce cadre que 12 nouveaux témoignages ont été reçus depuis janvier 2025, dont 7 concernent des personnes mineures au moment des faits, âgées de 10 à 17 ans. Ces témoignages s’ajoutent à ceux déjà recensés entre 2024 et 2025. L’un d’eux a conduit à un signalement à la justice en raison de la gravité des faits rapportés,  qui mettent en cause des tiers, dont deux personnes, aujourd’hui décédées, ayant évolué dans l’entourage de l’abbé Pierre, et qui avaient des responsabilités dans une structure Emmaüs locale.

Chaque victime entendue peut bénéficier d’un accompagnement psychologique, de la possibilité de participer à des groupes de parole et, si elle le souhaite, d’un échange avec les responsables du mouvement. Ce dispositif d’accueil, dont la gestion a été confiée au groupe Égaé, restera actif aussi longtemps que nécessaire, pour permettre à toute personne concernée de se manifester, dans le respect absolu de son anonymat et de son rythme. Ce travail d’écoute, de reconnaissance, et de réparation a toujours été, et restera toujours, la priorité du mouvement Emmaüs.

Lancement d’un dispositif de réparation financière conjointement avec l’Église

Un an après avoir engagé ce processus de reconnaissance, Emmaüs et la Conférence des évêques de France (CEF) ont décidé conjointement la mise en place d’un dispositif de réparation financière à destination des victimes de l’abbé Pierre, qui sera porté par la commission reconnaissance et réparation (CRR). Préalablement, cette décision a été validée par le Conseil d’administration d’Emmaüs International et l’Assemblée générale d’Emmaüs France. Ce dispositif sera complété par l’engagement pris par l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et réparation (Inirr) de prendre en charge la réparation pour les trois victimes de l’abbé Pierre qui l’ont déjà contactée. Ces deux organismes sont spécialisés et totalement indépendants.

Ce dispositif, opérationnel à compter de septembre 2025, sera entièrement financé par les fonds propres du mouvement Emmaüs et ceux de la CEF. Aucun don versé au mouvement Emmaüs ne servira à financer ces réparations. L’effort financier assumé conjointement par l’Église et Emmaüs repose sur un principe de responsabilité partagée : à partir de 1954, l’abbé Pierre devient une figure publique associée à la fois à son sacerdoce et à son rôle dans la fondation d’Emmaüs.

Les montants versés seront établis en totale indépendance par l’Inirr et la CRR, en fonction de chaque personne et selon les critères des institutions. Des garanties strictes sont apportées sur la protection de l’anonymat, l’indépendance de l’évaluation des dossiers et la non-publicité des démarches.

Une reconnaissance de la responsabilité historique d’Emmaüs

Pendant des décennies, le mouvement Emmaüs a bénéficié de la figure de l’abbé Pierre, dont l’image a puissamment contribué à la notoriété et à la légitimité du combat contre la misère. Les révélations de ces derniers mois ont montré que cette figure publique, unanimement respectée, avait aussi commis des violences très graves. Pour Emmaüs, cette réalité fait désormais partie de l’histoire de son fondateur.

La mise en place du dispositif de réparation financière s’inscrit ainsi dans une continuité logique : elle prolonge le devoir de transparence par un devoir de réparation, dans toutes ses dimensions – morale, psychologique, matérielle. Elle relève donc à la fois de la cohérence de notre approche vis-à-vis des victimes et de notre responsabilité en tant qu’organisation co-fondée par l’abbé Pierre et fortement associée à son image pendant de nombreuses années.

Une articulation entre réparation, mémoire et recherche

Ce travail de transparence ne s’arrête pas à la reconnaissance institutionnelle ni à l’indemnisation. Emmaüs a confié à la Commission indépendante d’études sur les violences commises par l’abbé Pierre (CEVAP), dirigée par la sociologue Céline Béraud et hébergée par l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), la mission d’analyser et de chercher à comprendre les mécanismes qui ont permis à l’abbé Pierre de commettre des violences pendant des décennies en toute impunité.

Cette démarche de recherche indépendante a débuté en février 2025. Pour le mouvement Emmaüs, il est essentiel de comprendre ces mécanismes afin de prévenir toute reproduction de ce phénomène. Son rapport est attendu pour début 2027.

Une démarche sans précédent par son ampleur et sa cohérence

Depuis un an, Emmaüs a fait le choix de porter en même temps deux ambitions fortes : prendre en compte la parole des victimes et assumer ses responsabilités institutionnelles. À l’écoute a succédé l’accompagnement ; à la reconnaissance, une enquête sociologique et historique rigoureuse ; au choc de la révélation des faits, une volonté de réparer. Aucun de ces volets ne suffit seul, mais tous ensemble composent une démarche que nous avons souhaitée complète et cohérente.

Elle répond aussi à une exigence morale : celle de reconnaître que les victimes de l’abbé Pierre, longtemps ignorées, doivent désormais être écoutées, crues, accompagnées, soutenues.

Ces choix permettent au mouvement Emmaüs de rester fidèle à l’idéal de justice qui a fondé son engagement.

Désormais, une nouvelle phase s’ouvre, avec un dispositif complet au service des victimes, qui peuvent le mobiliser dans chacune de ses composantes autant qu’elles le souhaiteront ou en sentiront le besoin.

 

Contacts presse :
Roman Abreu +33 6 23 21 36 86
Elizabeth Jacob +33 6 38 01 30 37
Pauline Reullier +33 6 70 14 30 17

[email protected]

Contact presse

Pierre Vouhé
Responsable du service communication