Alors qu’une proposition de loi sur la fast-fashion sera débattue jeudi 14 mars à l’Assemblée nationale, les organisations réunies au sein de la coalition Stop Fast-Fashion appellent les députés et le gouvernement à se saisir de cette opportunité historique de mettre fin à ce système de surproduction délétère, et à adopter un texte ambitieux qui cible toutes les enseignes de fast-fashion.
La demande des associations pour une loi plus contraignante
Examinée à l’Assemblée nationale en commission du développement durable jeudi dernier et discutée en séance publique ce jeudi 14 mars, la proposition de loi déposée par Anne-Cécile Violland (Horizons) définit la fast-fashion en fonction des quantités de modèles proposés et des fréquences de renouvellement des collections. Elle prévoit de pénaliser financièrement cette pratique via un malus sur les produits textiles, pouvant aller jusqu’à 10€ par article, ainsi que d’interdire la publicité pour la fast-fashion, y compris au travers d’influenceur·euses.
La coalition Stop Fast-Fashion, qui réunit 8 organisations engagées pour en finir avec les ravages de cette industrie, salue cette initiative inédite et espère que le débat démocratique permettra d’aboutir à un texte efficace. Pour ce faire, elle demande à fixer des critères ambitieux pour freiner le renouvellement permanent des collections. La société civile souhaite en effet que toutes les marques qui proposent plus de 5 000 modèles par an soient considérés comme relevant de la fast-fashion, et que cette loi s’applique notamment à toutes les plateformes de commerce en ligne.
Ces mesures permettraient de ne pas pénaliser uniquement Shein ou Temu mais également des marques comme Zara, Primark, H&M ou Action ainsi que des plateformes comme Amazon dont les pratiques ont des effets délétères sur l’environnement. Restreindre la portée de la loi à deux marques serait contre-productif et ne permettrait pas de répondre aux problèmes systémiques de l’industrie textile.
La fast-fashion, une catastrophe sociale et écologique
Le modèle de fast-fashion et ses lourds impacts sociaux et environnementaux apparaissent dès les années 2000[1]. Aujourd’hui, le secteur textile représente près de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre[2] et 70 % des vêtements vendus en France sont fabriqués en Asie du Sud-Est[3] où la main d’œuvre est exploitée. Avec 3,3 milliards d’articles commercialisés en France en 2022[4], jamais autant de vêtements et de chaussures n’ont été vendus sur le territoire. La plupart étant produits à l’autre bout du monde dans des conditions de travail difficiles et précaires, parfois déshumanisantes et dangereuses. Ce modèle contribue au déclin structurel du secteur de l’habillement[5] et du textile français, qui a perdu près de 10 000 emplois en un an[6] et plus de 300 000 emplois depuis les années 90[7].
En parallèle, l’essor des marques de fast-fashion coïncide avec une explosion des volumes de vêtements jetés chaque année, souvent de trop mauvaise qualité pour être réemployés. La part de textiles encore en bon état est ainsi passée de 64 % à 55 % en moins de 10 ans[8], augmentant la part de pièces destinées au recyclage ou à l’incinération, au détriment du réemploi solidaire.
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[1] Overdressed: The Shockingly High Cost of Cheap Fashion, Elizabeth L. Cline, 2013.
[2] Ademe
[3] Greenpeace
[4] Re_Fashion
[5] https://fashionunited.fr/actualite/business/jusqu-a-quand-le-marche-du-textile-va-t-il-baisser/2017061213033
[6] Fédéréation du prêt-à-porter
[7] https://www.insee.fr/fr/statistiques/3632345
[8] Emmaüs France
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Responsable éditorial et relations presse