Et si « l’écologie du quotidien » pratiquée chez Emmaüs portait les germes d’une véritable révolution écologique et solidaire ?
Acteur social majeur en France depuis plus de 70 ans, Emmaüs place la solidarité au cœur de son action. En menant un cycle de « conventions citoyennes » organisées au sein du Mouvement avec la Fondation Jean-Jaurès et La Fabrique Écologique, Emmaüs a mis en lumière ce qu’est une « écologie du quotidien » ancrée dans les pratiques, loin des injonctions des pouvoirs publics. Cette expérience relativise les affirmations de « backlash écologique » qui opposent écologie et social. Elle met des mots sur ce que serait une alternative globale réellement transformatrice, sobre et solidaire, sobre car solidaire.
Ces conventions citoyennes, menées en 2024 et 2025 aux Ateliers du Bocage (Deux-Sèvres), à Saint-Didier-au-Mont-d’Or (près de Lyon) et à Paris, offrent un regard unique sur la manière dont les enjeux écologiques sont compris, débattus et vécus par des publics variés, y compris des personnes en situation de grande précarité.
L’écologie et la solidarité vont de pair
Bien avant que le terme « écologie » ne s’impose dans le débat public, Emmaüs pratiquait une écologie concrète à travers son activité historique de collecte et revente d’objets usagés. Plus récemment, de nouvelles activités et pratiques se sont développées au sein du mouvement : agriculture paysanne, construction écologique, mobilité douce… Cette écologie, active mais non revendiquée comme telle, s’inscrit dans une logique positive et inclusive. Elle repose sur des valeurs fondamentales – solidarité, dignité, partage, espoir – et déculpabilise la transition écologique, en la rendant accessible et collective plutôt que punitive.
Les conventions citoyennes organisées par Emmaüs ont mis en évidence que les politiques écologiques ne peuvent réussir sans un socle de solidarité préalable. À Emmaüs Pamiers (Ariège), par exemple, un partenariat permet chaque année de fournir cinq tonnes de légumes bio aux Restos du Cœur, à tarif solidaire : une initiative qui combine effets sociaux (meilleure alimentation, santé) et bénéfices environnementaux (préservation de la biodiversité, réduction de l’empreinte carbone).
Construire un récit écologique et solidaire
Les participants ont également souligné les obstacles structurels auxquels sont confrontées ces initiatives. En premier lieu, le cadre matériel et immobilier : les écogestes sont plus difficiles à mettre en œuvre dans un bâtiment qui mérite d’être rénové afin d’être plus performant. En deuxième lieu, le cadre économique et financier : certaines activités essentielles, comme la mobilité solidaire, restent très déficitaires et dépendent d’un soutien public incertain. Et en dernier lieu, le cadre organisationnel et humain : l’efficacité écologique implique d’être aidé par d’autres acteurs, publics (collectivités locales, services publics), privés ou appartenant à la société civile (entreprises, coordination d’associations, fondations, …) et repose sur des dynamiques collectives et des partenariats locaux renforcés.
Emmaüs rappelle que trier, réemployer ou réparer n’étaient pas à l’origine perçus comme des actes écologiques : il s’agissait avant tout d’accueillir, de nourrir, de loger et d’émanciper. Aujourd’hui, cette pratique de terrain dessine les contours d’un modèle de société sobre parce que solidaire, en réponse à l’insuffisance des politiques publiques face aux crises climatique et de biodiversité. Comme l’affirme Cédric Hérou, co-responsable d’Emmaüs La Roya (Alpes-Maritimes) : « L’écologie ne s’achète pas, elle se vit ».
Les pistes d’action identifiées
Pour amplifier cette dynamique, La Fabrique Écologique, Emmaüs et la Fondation Jean-Jaurès proposent notamment :
- la création de « Tournées de la sobriété solidaire » (TSS), inspirées des Journées du Patrimoine, pour mettre en place des visites des communautés Emmaüs pour une découverte concrète des dérives de la société de consommation ;
- le questionnement systématique de la notion de « backlash écologique », trop souvent décrété, alors qu’il doit être analysé pour chaque secteur (mobilité, logement, alimentation, consommation…) en parallèle d’une réflexion globale sur le projet de société que nous voulons ;
- la généralisation de la délibération citoyenne comme outil de pilotage de la transition écologique ;
- le soutien aux laboratoires d’écologie du quotidien, en mettant là encore l’accent sur des sujets concrets (mobilité, alimentation, santé, logement, emploi…) ;
- l’articulation systématique des investissements sociaux et écologiques, et cela à toutes les échelles de l’action publique.
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Contacts presse
Fondation Jean-Jaurès – Eugénie ARNAUD
[email protected] – 01 40 23 24 35 / 07 88 38 50 54
www.jean-jaures.org
Emmaüs France – Manon FOLLÉA
[email protected] – 06 43 09 24 93
www.emmaus-france.org
La Fabrique Écologique – Mathilde BOITIAS
[email protected] – 06 29 77 55 01
www.lafabriqueecologique.fr
À propos de la Fondation Jean-Jaurès :
Première des fondations politiques en France, la Fondation Jean-Jaurès est reconnue d’utilité publique en 1992, date de sa création par Pierre Mauroy. Sa mission est, à court terme, d’influencer les politiques publiques par ses analyses et ses propositions, et, à moyen terme, de contribuer à repenser en profondeur, à l’échelle internationale, européenne et nationale, la social-démocratie.
À propos d’Emmaüs :
Fervent défenseur d’une société où chacun·e d’entre nous aurait sa place, Emmaüs est à la fois une fabrique d’innovations sociales et un front engagé qui milite en faveur d’une société plus juste et plus écologique. Le Mouvement Emmaüs rassemble aujourd’hui plus de 38 000 personnes (bénévoles, compagnes et compagnons, salarié·e·s et salarié·e·s en insertion) dans toute la France.
À propos de La Fabrique Écologique :
Créée en 2013, La Fabrique Ecologique, Fondation pluraliste de l’écologie, est un Think-Tank qui a pour objectif d’accélérer la transition écologique, via une réflexion collective et des propositions concrètes, avec une démarche de co-construction citoyenne. Elle s’adresse aux décideurs publics comme aux citoyens, et cherche à faire dialoguer les différents acteurs, pour une transition écologique et sociale.
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Manon Folléa
Responsable éditorial et relations presse