Depuis le début de l’année 2013, le chantier d’insertion d’Emmaüs Mundolsheim mène une action inédite au sein de la maison d’arrêt de Strasbourg. Un atelier de formation à la réparation de cycles est proposé aux personnes détenues qui le souhaitent : une excellente manière de poser les jalons de leur réinsertion.
Du lundi au vendredi, durant toute la matinée, une petite dizaine d’hommes détenus à la maison d’arrêt de Strasbourg sont formés à la réparation de vélos. Cette action est loin d’être anodine : en apprenant à réviser un cycle de A à Z, ils commencent à préparer leur avenir et leur futur projet professionnel, et renouent avec des habitudes de travail. « Quand je me lève le matin, je suis désormais content d’aller travailler, explique G., un jeune homme qui participe à l’atelier depuis quatre mois. Je découvre beaucoup de choses, et cela évite de rester en cellule à ne rien faire, car on s’ennuie beaucoup en prison… » Avoir une occupation concrète, avec un encadrement de qualité, est en effet très important : « cela permet de prendre ou de reprendre goût au travail, explique Madame Abomo-Tutard, directrice adjointe de la maison d’arrêt. En outre, même si ce n’est pas un apprentissage dit magistral, il y a un volet pédagogique très important. » En dehors de la découverte des rouages de la mécanique, les volontaires de l’atelier font en effet l’expérience du travail en équipe : « cela nous enseigne le respect, ajoute ainsi N., stagiaire depuis janvier 2014. Respect des autres, respect des horaires et des intervenants… Ici nous sommes très soudés, et si chacun répare « son » vélo, on s’entraide toujours les uns les autres ! »
Un accompagnement personnalisé
Cette action originale permet également à Emmaüs de proposer un appui aux participants de cet atelier. « Dans le cadre d’un accompagnement qui doit permettre la réinsertion à l’issue de la peine, la mécanique vélo me permet déjà de repérer des aptitudes, d’observer quelles sont les qualités des uns et des autres », explique Lionel Linck, encadrant technique de l’atelier cycles. Une bonne façon d’aider les volontaires à identifier leurs compétences, certains d’entre eux n’ayant encore jamais exercé un emploi. Parallèlement, une conseillère d’insertion professionnelle, également salariée à Emmaüs Mundolsheim, vient toutes les trois semaines afin d’élaborer avec eux leur projet professionnel. « Objectif : les accompagner pour la recherche d’emploi dans le cadre d’aménagement de peine, en complément du travail effectué par le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), et ce afin de préparer leur sortie », précise Jasmine Legentil, qui assure ce suivi depuis le début de l’atelier de formation. Et les possibilités d’avenir sont nombreuses, quand on peut prendre le temps de les évoquer !
Crédit photos : Anne-Lucie Acar
Penser au futur
Dans la société d’aujourd’hui, la réinsertion des personnes sortant de prison est souvent une question complexe, pour de multiples raisons. Décrochage professionnel, absence d’études, éloignement de la famille… Il est donc d’autant plus important de commencer à préparer la sortie dès que possible, afin qu’elle se fasse dans les meilleures conditions. L’atelier de réparation de cycles est ainsi une bonne option, car même si tous les participants ne se lanceront pas dans cette voie professionnelle, la question est posée sur la table. « J’ai appris beaucoup de choses en mécanique, mais dans un premier temps j’aimerais d’abord essayer de reprendre une formation, en peinture ou en électricité », témoigne M. Même scénario pour N., qui espère reprendre son emploi d’installateur sanitaire, mais « cette expérience à l’atelier pourra toujours me servir dans l’exercice d’un futur métier, ajoute-t-il. On ne sait jamais ! ». Après un peu plus d’un an d’existence, l’atelier d’Emmaüs Mundolsheim a déjà des résultats : sur un total de 29 stagiaires en 2013, 6 d’entre eux ont quitté la maison d’arrêt avec un projet professionnel validé, c’est-à-dire un contrat de travail ou une formation qualifiante.