Avec plus de 13% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté en 2012, c’est peu dire que la dégradation de la situation de l’emploi a un impact social élevé. Parce que l’on ne peut se satisfaire de mesures visant à limiter les dégâts a posteriori, le Mouvement Emmaüs poursuit ses actions de plaidoyer auprès des pouvoirs publics.
En 2012, le Mouvement Emmaüs est officiellement devenu un réseau représentatif de l’Insertion par l’activité économique. Une reconnaissance qui confirme sa pleine légitimité à faire entendre sa voix dans les débats sur la politique menée en matière d’insertion et d’emploi… Ce qui ne manquera pas d’être le cas en 2013, une année charnière sur cette problématique, dans un contexte de hausse du chômage préoccupant. Le Mouvement Emmaüs a donc décidé d’interpeller le Président de la République, dans la continuité des actions réalisées l’an dernier en amont des élections présidentielles, lors de la campagne « Mobilisons nos voies(x) ». Emmaüs France avait à l’époque rencontré le candidat François Hollande, qui s’était engagé sur un certain nombre de nos propositions… Il est aujourd’hui nécessaire de poursuivre le débat !
« Imp(osons) le changement »
Intitulée « Imp(osons) le changement pour l’insertion », cette nouvelle campagne se déclinera de plusieurs façons dans les mois à venir. Première action symbolique : l’envoi d’une carte postale au Président de la République, pour lui rappeler les engagements pris il y a un an. Fort de son expérience de terrain, le Mouvement Emmaüs a formulé des préconisations pour réformer globalement le secteur de l’emploi et de l’insertion, et notamment l’insertion par l’activité économique (IAE) : augmenter le nombre de contrats aidés et de postes d’insertion, mettre en place une réelle modulation des contrats pour s’adapter aux parcours des personnes, et renforcer les liens entre politique de l’emploi et politique sociale et de santé. Les structures d’insertion sont aujourd’hui confrontées à trois problèmes majeurs : le sous-financement, le manque de postes et une forte rigidité du système. Il est donc nécessaire que le Mouvement se positionne sur ces trois leviers et puisse peser pour une nouvelle politique de l’insertion, où l’Homme a toute sa place.
Des avancées intéressantes…
Cette interpellation se traduit sur le long terme par les actions de plaidoyer menées par Emmaüs France auprès des pouvoirs publics. Les revendications du Mouvement ont été portées en 2012 dans le cadre du projet de loi des Finance, des auditions ont été réalisées par la mission Igas (Inspection Générale des Affaires Sociales) / Igf (Inspection Générales des Finances) et Emmaüs France a participé au groupe de travail « emploi » en amont et pendant la Conférence nationale de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale (10 et 11 décembre 2012). Le rapport Igas / Igf, attendu car faisant le point sur les modalités de financement de l’IAE, sera officiellement publié le 11 avril 2013. Cependant, Emmaüs France a déjà pu constater qu’il reprend un certain nombre des propositions portées par le Mouvement. Plusieurs points positifs sont ainsi à relever, comme la volonté d’un pilotage de l’IAE plus stratégique, un meilleur dialogue de gestion ou encore une meilleure coordination des financeurs.
… Mais insuffisantes
Cependant, d’autres constats semblent faux ou ne correspondent pas aux réalités de terrain. C’est le cas pour les critères de repérages des publics, basés uniquement sur la durée d’inscription au chômage, ou pour les taux de sortie annoncés pour 2010, qui ne correspondent pas aux chiffres du Mouvement Emmaüs. Ce rapport devra par la suite être traduit par des actions concrètes : à travers la campagne « Imp(osons) le changement pour l’insertion », le Mouvement peut donc encore influer sur certaines orientations. A noter enfin que certaines données sont absentes du rapport : la plus value économique et sociale du secteur n’est par exemple pas assez soulignée. Pourtant, depuis plus de trente ans, le secteur de l’IAE propose une solution efficace à l’exclusion et au chômage. L’IAE permet de produire des richesses, car ses structures se positionnent sur des activités non satisfaites par d’autres secteurs (réemploi, prévention des déchets, etc.) ; elle crée des emplois sur les territoires et apporte ainsi des recettes à la collectivité. Au regard de ces atouts avérés, force est de constater que ce secteur n’est aujourd’hui pas soutenu à la hauteur des enjeux qu’il représente.