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Plus d’un tiers des personnes en Hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile sont en situation de faim  

Plus d’un tiers des personnes en Hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile sont en situation de faim  

Huit organisations, dont Emmaüs Solidarité et d’autres associations gestionnaires d’Hébergement d’Urgence pour demandeurs d’asile (HUDA), publient une enquête visant à prévenir et améliorer la sécurité alimentaire des personnes hébergées dans ces dispositifs. 36% d’entre elles déclarent souffrir d’une situation de faim. 

La Fédération des Acteurs de la Solidarité Île-de-France, la Mission France d’Action contre la Faim, le Centre d’Action Sociale Protestant, Cités Caritas, Coallia, Emmaüs Solidarité, Equalis, France terre d’asile et le Groupe SOS Solidarités publient le rapport « la sécurité alimentaire en Hébergement d’Urgence pour Demandeurs d’Asile (HUDA) », enquête menée auprès de 99 ménages hébergés dans 11 structures HUDA franciliennes.  

L’enquête dresse un état des lieux préoccupant de l’accès digne à une alimentation suffisante et adéquate. Parmi les personnes interrogées : 

  • Plus d’1 sur 2 mange moins de 3 repas par jour ; 
  • 36% souffrent d’une situation de faim modérée (26%) ou sévère (10%) ; 
  • 2 parents sur 3 ont réduit leurs repas pour privilégier l’alimentation de leurs enfants dans les 30 jours précédant l’enquête ; 
  • Près de ¾ des ménages fréquentent des dispositifs d’aide alimentaire pour se nourrir, mais seules 29% des personnes rencontrées bénéficient de dispositifs proposés dans les hébergements.  

Des conditions d’hébergement peu favorables aux repas 

Alors que 95% des ménages interrogés en HUDA citent l’alimentation comme leur premier poste de dépenses, l’accès à des repas de qualité et en quantité suffisante leur est difficile. Parmi les raisons évoquées, les conditions d’hébergement en collectif, favorisant le manque d’intimité et pouvant être sources de tension. La question de la vétusté et du manque de place des infrastructures se reflète également au niveau des cuisines.  

L’Allocation pour Demandeurs d’Asile, insuffisante et parfois contraignante 

L’enquête montre que l’Allocation pour Demandeurs d’Asile (ADA) peut freiner au lieu de faciliter l’accès à la nourriture. Son montant forfaitaire de 6,80 €/jour pour une personne seule n’a jamais été revalorisé depuis sa création en 2015. Elle se situe ainsi en dessous des montants mensuels des minimas sociaux. Une personne sur trois a témoigné de difficultés liées à ses versements. Certaines rapportent également des contraintes pour l’utilisation de la carte ADA, notamment en raison de commerces qui réclament une commission supplémentaire pour l’accepter, ou qui la refusent catégoriquement. 

Afin de tendre vers une meilleure garantie du droit à l’alimentation, les associations porteuses de l’enquête demandent à l’État de : 

  • Rendre effectif l’accès à l’emploi dès l’introduction de la demande d’asile afin d’accélérer l’insertion économique et sociale ainsi que l’autonomie financière des personnes ; 
  • Revaloriser l’Allocation pour Demandeur d’Asile et l’aligner sur le RSA ; 
  • Créer un cahier des charges concernant la prestation sur les questions d’alimentation dans le Dispositif National d’Accueil en donnant les moyens de sa mise en œuvre aux associations ; 
  • Apporter un soutien financier aux HUDA pour mettre en place une aide financière d’urgence afin de pallier l’absence de ressources pendant les délais incompressibles avant l’obtention de la carte ADA. 
  • Autoriser le retrait en espèces avec la carte ADA, afin de garantir une plus grande liberté de choix et permettre les achats dans les commerces ou marchés qui n’acceptent pas la carte. 
  • Accorder la Solidarité Transport gratuite (comme pour les bénéficiaires du RSA) sur présentation de l’Attestation de Demande d’Asile (ATDA), notamment pour l’accès à l’emploi, les achats de denrées et l’accès aux lieux d’aide alimentaire.