Parmi le catalogue très fourni des formations proposées par Emmaüs France aux membres du Mouvement, l’une d’elles affiche sa singularité. Issue d’un partenariat unique né en 2020 avec le musée des Arts décoratifs (Paris), elle propose aux participants, comme son intitulé l’indique, de « Faire le lien entre objets d’art et salles de vente ». Explications.
En ce mois de juin, le 2e volet de la formation se déroulait au Musée Nissim de Camondo (Paris 8e). Dans cette ancienne demeure aristocratique, construite pour mettre en valeur la riche collection d’objets et meubles du XVIIIe siècle que possédait son propriétaire, pas un participant ne perd une miette des informations distillées par la guide au fil de la visite, qui fait office de partie « théorique ».
À raison de trois journées par an, le programme est bien huilé. D’abord, une visite guidée de l’exposition temporaire du moment ou de l’exposition permanente, toujours assurée avec passion et dynamisme par Anne Amiot-Defontaine. Depuis 2021 et le lancement de ce cycle de formation en partenariat avec le musée des Arts décoratifs, cette conférencière et historienne de l’art ne se lasse pas d’accueillir le public Emmaüssien : « On sent à leur intérêt que les gens qui viennent ont vraiment choisi d’être là. Ils sont sans a priori, font preuve d’ouverture sur l’art et l’appréhendent avec une certaine fraicheur », explique-t-elle.
Derrière ce partenariat, le musée des Arts décoratifs « invite à la découverte des collections, permettant ainsi aux participants d’identifier les styles et les matériaux des objets, ainsi que leur mise en valeur dans les galeries », indique Elen Lossouarn, responsable des projets et des partenariats pour l’institution culturelle. Un temps qui s’inscrit comme une parenthèse culturelle pour les participants, tout en restant en prise avec leurs enjeux quotidiens. « À travers des ateliers de pratique artistique, les participants acquièrent également les compétences nécessaires pour réinvestir les connaissances acquises », poursuit-elle.
Des ateliers artistiques et de mise en pratique
Après le temps de visite guidée, la journée se poursuit avec la mobilisation des connaissances acquises pendant la matinée. Exemple avec la session au Musée Nissim de Camondo où les participants ont eu le plaisir de travailler avec la plasticienne Estèla Alliaud. L’objectif : les amener à comprendre comment on peut mettre en scène les objets dans l’espace et particulièrement dans les salles de vente Emmaüs. Pour cela, l’artiste a proposé aux participants de réaliser des maquettes d’espace de vente type, et d’imaginer comment disposer des objets divers, matérialisés sous forme de photographies.
Une séquence qui a enchanté Kouka, Compagnon à la Communauté de Fougères (Ille-et-Vilaine), et Jérôme, éducateur socio-professionnel au Comité d’Amis de Beauvais (Oise) : « Il fallait qu’on essaye de décorer un peu comme si c’était une maison ou un appartement. Grâce à l’atelier, je vois mieux comment mettre les objets en valeur dans la salle de vente » raconte Kouka. Pour Jérôme, l’expérience s’est avérée d’autant plus intéressante qu’elle a suscité l’échange et « a permis de comparer nos conceptions de l’espace ».
À l’heure du bilan de sa journée, c’est une anecdote qui vient à l’esprit de Kouka : « Un jour, une cliente est venue me voir en me disant qu’une statue en vente était mal placée. Et c’est vrai qu’elle ne se vendait pas. Elle m’a suggéré de la placer autrement, plus haut sur une étagère. Et rapidement, elle s’est vendue ! ».