Aucune personne à la rue à Paris en 2020 ? Un objectif possible et réaliste pour Emmaüs Défi et l’association Aurore, qui ont présenté vendredi 14 février un plan de lutte contre la grande exclusion.On estime à 14 000 le nombre de personnes en situation de grande exclusion aujourd’hui à Paris. En situation de grande exclusion, c’est-à-dire vivant dans la rue ou hébergés dans des dispositifs d’urgence, loin, très loin de la stabilisation. Vendredi 14 février, Emmaüs Défi et l’association Aurore ont organisé une conférence de presse afin d’interpeller les principaux candidats à la mairie de Paris sur cette question, en leur présentant un plan concret de lutte contre cette grande exclusion, intolérable dans une société comme la notre. « Nous sommes tous choqués par la mort de ceux que l’on abandonne pourtant à leur destin sous les porches. Nous sommes tous d’accord face à l’insupportable. Et pourtant, cela perdure », écrivent Charles-Edouard Vincent, directeur d’Emmaüs Défi, et Eric Pliez, directeur d’Aurore, dans une lettre d’intention en préambule du plan d’action. Estimant qu’une impulsion politique peut changer la donne et qu’il est nécessaire de travailler main dans la main avec l’Etat, les collectivités ou encore les entreprises, ils ont plaidé à cette occasion pour une meilleure répartition des rôles et pour davantage de souplesse dans les dispositifs.
Un plan d’action en six points
Une personne qui vit dans la rue n’est pas confrontée à une seule difficulté. Elle rencontre généralement un ensemble de problématiques et doit tout affronter en même temps : trouver un lieu d’habitation, s’occuper de sa santé, s’assurer des ressources minimales. Présenté devant une centaine de personnes au bric à brac Riquet d’Emmaüs Défi (19ème), le plan de lutte contre la grande exclusion s’articule donc autour de six mesures phares, qui nécessitent la coopération de tous les acteurs : proposer un logement d’abord, car rien n’est possible tant que l’on vit dans la rue ; adapter le travail à la personne, en proposant des contrats « sur mesure » ; intégrer le suivi santé, parce que la maladie et la rupture des soins sont des obstacles majeurs à l’insertion ; associer les entreprises et inventer de nouvelles pistes professionnelles, car les entreprises ont toute leur place à tenir pour lutter contre l’exclusion ; innover, évaluer, ajuster et déployer ; et, enfin, passer d’une logique de dépenses à une logique d’investissements, car investir plus à un moment donné permet de dépenser moins à terme. A l’issue de la présentation de ce plan, les principaux candidats à la mairie de Paris se sont engagés à poursuivre le nouvel objectif formulé par les deux associations : sortir tous les SDF de la rue à Paris avant 2020. A suivre !