Samedi 23 octobre, Les Terrasses Solidaires inauguraient leur nouveau local, situé à Briançon. Pilier de cette aventure citoyenne d’accueil inconditionnel des personnes exilées, le Refuge Solidaire va y poursuivre son projet – malgré l’hostilité politique locale – avec le soutien de nombreuses associations partenaires dont les groupes Emmaüs locaux, et dans la perspective de rejoindre le mouvement à terme.
L’ouverture est partielle, mais déjà forte en symbole. Samedi 23 octobre, le Refuge Solidaire inaugurait Les Terrasses Solidaires, nouveau tiers-lieu investi le 28 août à Briançon avec les associations EKO!, Médecins du Monde et Tous Migrants, suite à l’expulsion du Refuge par le nouveau maire de Briançon. Une journée choisie par les groupes Emmaüs de la région pour reverser tout ou partie des recettes de leurs ventes du jour au projet, et réaffirmer l’engouement autour de projet citoyen et solidaire.
Un exemple de mobilisation collective
Installé en 2017 dans un local situé en plein centre de Briançon, le Refuge Solidaire est né d’une initiative citoyenne soutenue par la communauté de communes du briançonnais. La majorité de l’époque met alors à disposition un local géré par l’association, offrant un accueil aux nombreuses personnes exilées qui franchissaient la frontière alpine au péril de leur vie, après avoir traversé la Méditerranée dans des conditions extrêmes.
Dès le début, le Refuge Solidaire a bénéficié d’un élan collectif important, notamment de la part des groupes Emmaüs de la région Rhône-Alpes : « Emmaüs a été présent à nos côtés depuis le début ! Nous avons noué des relations privilégiées avec les communautés proches de chez nous, qui sont venues nous aider spontanément : Chambéry, Grenoble, Bourgoin-Jallieu, etc. », raconte Philippe Wyon, co-fondateur du Refuge Solidaire.
Un bel exemple de solidarité entre associations qui a permis à la structure, également animée par des dizaines d’autres bénévoles, d’accueillir plus de 18000 réfugiés entre 2017 et 2021, avant que le nouveau maire de Briançon n’adresse un avis d’expulsion à l’association au lendemain de son élection, et menace la pérennité du projet.
Face aux difficultés, toujours plus de solidarité !
Après l’indignation suscitée par cette décision, les associations locales ont insufflé un grand mouvement de solidarité pour trouver rapidement une solution alternative, et permettre au Refuge Solidaire et ses partenaires de poursuivre leur mission d’accueil de personnes exilées. Cette mobilisation exceptionnelle a permis de collecter 1 million d’euros grâce à de nombreux donateurs, mais aussi Riace France, un fonds qui finance des projets d’accueil inconditionnel des personnes exilées.
La somme réunie a permis d’acheter un ancien sanatorium de 1600m2, et de procéder à une première tranche de travaux de rénovation dans une partie du bâtiment, afin que le Refuge puisse reprendre rapidement son activité.
Il s’agit malheureusement d’une reprise partielle compte tenu de la précipitation consécutive à la décision du Maire de Briançon, qui s’est avérée à double tranchant, comme l’explique Philippe Wyon : « La décision du maire a eu pour effet extraordinaire de provoquer une puissante chaine de solidarité qui a permis d’acheter ce bâtiment et de déménager assez rapidement, mais elle nous a aussi empêché de prendre du recul par rapport à notre activité et de réfléchir à la structuration du projet et à sa pérennisation ».
Une volonté d’intégrer le Mouvement Emmaüs
Étroitement lié au mouvement Emmaüs depuis sa création, Le Refuge Solidaire se retrouve dans ses valeurs et a fait l’objet d’une attention particulière des communautés de la région : « Elles nous ont apporté une aide financière, et des compagnons sont venus pour faire tourner le refuge, tant sur la vie quotidienne que pour les travaux », raconte Philippe Wyon avant d’ajouter avec enthousiasme : « Quand on voit leur implication dans notre projet depuis le début, ça n’a finalement rien de surprenant de voir qu’elles nous reversent leurs recettes des ventes d’un samedi, sûrement l’un des jours les plus importants ! »
Autant de raisons pour Le Refuge Solidaire d’envisager l’adhésion au Mouvement Emmaüs à moyen terme, quand une équipe salariée sera enfin recrutée et que le projet sera pérennisé, comme le confirme Philippe Wyon : « On a besoin de stabiliser notre activité et de prendre le temps de réfléchir à notre projet de communauté. On a commencé à discuter avec les instances d’Emmaüs, mais on s’est dit que c’était bien de se donner du temps ».