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La pauvreté n’est pas un crime !

La pauvreté n’est pas un crime !

A l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, le Mouvement Emmaüs remet un coup de projecteur sur la campagne « La pauvreté n’est pas un crime ». Lancée en 2012 à l’échelle européenne et en avril dernier en France, cette campagne d’interpellation vise à lutter contre la stigmatisation des pauvres et de la pauvreté.

Transformation du mobilier urbain, arrêtés anti-mendicité, anti-glanage, anti-bivouac… Les procédés « anti-sdf » sont désormais légion. L’abrogation des délits de mendicité et de vagabondage en 1994 aurait dû contribuer à la lutte contre l’exclusion et la stigmatisation de la pauvreté en France. Pourtant, dix-neuf ans plus tard, il n’en est rien : de plus en plus d’élus usent de leur pouvoir de police pour pratiquer ce type d’arrêtés, pénalisant une catégorie spécifique de la population qui se retrouve dans ces situations par nécessité. A titre d’exemple, 38 euros d’amende sont parfois demandés pour avoir mendié, fouillé dans les poubelles ou pour avoir occupé un bout de trottoir… Certaines villes font en outre preuve d’une grande créativité pour modifier le mobilier urbain et le rendre inhospitalier aux sans abris : retrait des bancs et installation de banquettes penchées en avant, implantation sur les trottoirs de plots et de pics le long des magasins et des banques, réaménagement des grilles de chauffage… Autant de dispositifs qui ne sont en rien une solution.

Sensibiliser les citoyens

Alors que la pauvreté continue d’augmenter, les autorités font donc trop souvent le choix de la pénalisation. Mais le traitement répressif de la misère est une réponse intolérable, et l’espace public doit demeurer ouvert à tous. C’est donc pour interpeller les élus et le grand public sur ces situations intolérables qu’Emmaüs France, Emmaüs Solidarité et la Fondation abbé Pierre ont lancé en avril dernier la campagne « La pauvreté n’est pas un crime ». Initiée en 2012 par la Fédération Européenne des Associations Nationales travaillant avec les Sans-Abri (FEANTSA), cette campagne a été déclinée depuis dans plusieurs pays européens avant d’arriver en France, où le Mouvement Emmaüs a choisi de la relayer, compte tenu de son histoire et de ses valeurs. A l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, une sensibilisation des citoyens sera donc organisée, grâce à différents outils, durant la grande marche contre les préjugés (voir article ci-contre). En outre, depuis avril dernier, un site Internet dédié – www.lapauvretenestpasuncrime.fr – permet au grand public d’en savoir plus sur le cadre et sur les objectifs de cette campagne.

Interpeller les maires

A quelques mois des élections municipales, l’objectif est également d’amener les élus et les candidats à prendre position sur ce sujet, notamment en signant la Charte municipale des droits des personnes en détresse. Cette charte invite les signataires à reconnaitre à chacun le droit de vivre dignement, quels que soient son origine géographique, son statut social et économique, ou encore son ancienneté sur le territoire. Signer cette charte est une façon d’affirmer, aux côtés du Mouvement Emmaüs, que les difficultés sociales relèvent du besoin de solidarité plus que des nécessités de l’ordre public. Tous ces procédés – mobilier urbain, arrêtés, recours en justice – ont évidemment un coût : pourquoi ne pas utiliser cet argent autrement ? Plutôt que de pénaliser la pauvreté, il faudrait au contraire se pencher sur les démarches d’accès aux soins, aux droits et à l’emploi, avec un objectif : l’autonomie et le respect de la dignité des personnes. « Il ne faut pas faire la guerre aux pauvres, mais à la pauvreté », rappelait régulièrement l’abbé Pierre. Une phrase à remettre au goût du jour.