Emmaüs vient d’intégrer le nouvel Observatoire de l’inclusion bancaire chargé de suivre et d’évaluer les pratiques des établissements de crédit (en particulier à l’égard des populations en situation de fragilité financière) afin d’identifier des pistes d’amélioration.
Dans le contexte de crise sociale actuelle les enjeux sont considérables. Emmaüs, forte de son expérience contre le surendettement des ménages depuis 50 ans, plaide notamment pour le plafonnement des frais d’incidents bancaires, un moratoire sur le remboursement des crédits ou encore l’élargissement des critères du micro-crédit social pour éviter à de nombreuses personnes de basculer dans la précarité dans les prochains mois.
La crise sanitaire et les différents confinements successifs ont fragilisé de nombreuses personnes, qui se retrouvent aujourd’hui dans une situation financière très difficile. Le surendettement menace de plus en plus de personnes : paiement des loyers, factures de gaz, d’électricité, emprunts… les dettes s’accumulent très rapidement.
Depuis les années 70, les SOS Familles Emmaüs ont pour mission de soutenir les ménages en situation de précarité financière, en les conseillant sur leur gestion budgétaire et en leur apportant une aide financière remboursable, sans frais ni intérêt. Ils agissent en lien direct avec les services sociaux et les organismes bancaires pour prévenir les situations d’exclusion et de surendettement.
Pour répondre à l’urgence sociale, le réseau des SOS familles Emmaüs milite aujourd’hui pour l’adoption de mesures efficaces en période de crise sanitaire et de confinement, afin de contenir les risques de précarisation massive. Des mesures simples et faciles à instaurer : comme par exemple plafonner les frais d’incidents bancaires pour tous ou autoriser le retrait, sans frais, dans n’importe quel distributeur. (En confinement, on ne peut plus se déplacer à plus d’un kilomètre de son domicile or de nombreux achats se font en liquide, surtout pour les personnes aux revenus modestes, qui doivent souvent payer des frais bancaires en retirant dans une autre banque).
Par ailleurs, pour permettre également aux personnes en situation de vulnérabilité de continuer à se nourrir et payer leurs charges courantes, il est impératif d’augmenter le montant du découvert autorisé (et sans agios ou pénalités), pendant toute la durée des confinements, comme cela a été fait par exemple au Royaume-Uni.
Enfin, de manière tout à fait exceptionnelle et temporaire, le réseau des SOS Familles Emmaüs propose d’élargir les critères du microcrédit social pour faciliter le financement d’un retard de loyer, d’un découvert bancaire ou des besoins en trésorerie pour les charges courantes, pour toutes les personnes ayant connu une baisse de revenus en lien avec le Covid19, afin de les empêcher de tomber dans la spirale du surendettement. Dans la même optique, il prend exemple sur l’Italie et défend la mise en place d’un moratoire sur le remboursement des échéances de prêts immobiliers pour les particuliers, le temps de surmonter la crise.
Au-delà de l’urgence sociale particulièrement intense aujourd’hui, Emmaüs et les SOS Familles entendent sensibiliser les pouvoirs publics sur l’inadaptation du système bancaire à la réalité sociale de 9 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en France. En 2017, par exemple, on estimait à 4,9 milliards d’euros les bénéfices générés par les frais d’incidents bancaires.
Avant la crise 8 millions de personnes payaient déjà, chaque mois, des frais d’incidents bancaires. Combien en février 2021 ?