Grâce à une initiative originale développée en partenariat avec Emmaüs, des centaines de familles avec enfants vivant dans la rue ont d’ores et déjà trouvé un toit. Baptisée ‘’100 pour un’’, son principe repose sur la mobilisation volontaire de cent citoyens qui viennent en aide à ces familles en s’engageant à payer leur loyer pendant un an.
Zoom sur cette démarche solidaire, peu connue, qui lutte contre l’une des formes de précarité et d’exclusion les plus intolérables.
Qui n’a jamais ressenti un sentiment de malaise en passant à côté d’une famille avec enfants vivant dans la rue ? Qui peut se résigner face à des situations de vie aussi dramatiques ?
Aujourd’hui, en France, plusieurs milliers de familles avec enfants sont sans domicile et sans solutions d’hébergement. La majorité d’entre-elles sont des familles de réfugiés, des exilés sans ressources et livrés à eux-mêmes, ne bénéficiant d’aucun dispositif ou système de protection.
Invoquant un « devoir d’humanité », une« responsabilité citoyenne » ou une « nécessité morale », les associations 100 pour 1 financent l’hébergement de ces familles délaissées par les pouvoirs publics. Créées localement pour pallier l’inertie de l’Etat il y a une dizaine d’années, les 100 pour 1 font appel à la société civile, en invitant les citoyens à participer à un projet solidaire commun.
Le principe est simple : 100 donateurs volontaires soutiennent une famille sans-abri avec enfants en versant 5 euros par mois pendant un an (ou plus selon les moyens et la motivation de chacun) pour financer le coût du logement en location (loyer et charges).
Un engagement collectif, spontané, qui permet de mettre à l’abri des centaines d’enfants et leurs parents : « 100 personnes qui donnent un petit peu pour faire vivre toute une famille… c’est génial ! On s’aperçoit qu’avec très peu de moyens chacun, on peut faire de grandes choses ! », s’enthousiasme Olivier Brochard, responsable de la communauté d’Emmaüs Thouars.
Un accompagnement global
Par ailleurs, les familles secourues par les initiatives 100 pour 1 se voient proposer un accompagnement pour tenter de répondre à leurs besoins : éducation, scolarisation, alphabétisation, aide à la constitution de dossiers administratifs, accès aux soins de santé…avec l’aide d’un réseau d’associations partenaires spécialisées. Les familles sont ainsi épaulées dans leurs démarches (par exemple de demandes d’asile ou de titres de séjour), des bénévoles enseignent le français aux parents et les enfants sont tous scolarisés.
Pour favoriser et renforcer le lien social, tout en facilitant leur intégration sur les territoires, les familles participent à la vie associative locale. Elles contribuent ainsi à l’effort collectif en faisant, par exemple, du bénévolat dans les communautés Emmaüs à proximité, dans d’autres associations, dans les écoles ou dans les services municipaux.
L’enjeu final de ces initiatives solidaires est de permettre aux familles, plus que tout désireuses de « trouver un travail, louer une maison… vivre », d’accéder à l’autonomie. Grâce au concours et à la détermination de l’ensemble des acteurs impliqués (citoyens, bénévoles, élus locaux), des solutions sont trouvées, favorisant des conditions de vie dignes et durables.
Il existe aujourd’hui une cinquantaine d’initiatives 100 pour 1 en France. En 2019, les associations adhérentes au Mouvement Emmaüs ont accueilli 94 personnes dont 59 enfants. « Ce que l’on souhaite pour le futur, c’est faire boule de neige », explique Bernard Arru, fondateur des groupes Emmaüs du Bocage, qui s’investit particulièrement dans les initiatives 100 pour 1.
L’abbé Pierre disait : « Le contraire de la misère, ce n’est pas la richesse. Le contraire de la misère, c’est le partage ». Oui, une société plus juste, plus humaine, plus solidaire est possible…C’est la participation de chacun, à hauteur de ses moyens. Ce dont témoignent au quotidien les citoyens engagés dans les 100 pour 1 aux côtés d’Emmaüs.