Suite à l’appel d’un collectif d’associations, auquel participait le Mouvement Emmaüs, le label « Grande cause nationale » pour l’année 2013 a été attribué à la lutte contre l’illettrisme. Dans le cadre de la lutte contre toutes les formes d’exclusion, l’Atelier de Formation de Base d’Emmaüs Solidarité accompagne des publics fragilisés et dispense des formations adaptées, avec des méthodes spécifiques et pertinentes.
Aujourd’hui, en France, près de 2 500 000 personnes – soit 7% de la population âgée de 18 à 65 ans – ne maîtrisent pas les compétences de base nécessaires en lecture, écriture et calcul pour être autonomes dans la vie quotidienne. Un constat préoccupant, quand on sait que l’illettrisme est un véritable obstacle dans toutes les sphères de la vie familiale, citoyenne et professionnelle… Mais plutôt que d‘illettrisme, à l’Atelier de Formation de Base (AFB), on préfère parler de non maîtrise des compétences de base. « L’expression ‘illettrisme’ a tendance à stigmatiser les personnes, déjà fragilisées par leurs difficultés », explique Rose-Marie Ryan, directrice de l’Atelier de Formation de Base (AFB) et de la mission formation à Emmaüs Solidarité, l’association à laquelle est rattaché l’atelier. « Depuis 20 ans, l’AFB accueille des personnes adultes qui sont pour X raisons en difficultés par rapport à leurs savoirs de base, expression, lecture, écriture et calcul, notamment », précise-t-elle.
Une réponse adaptée
Orientés par des travailleurs sociaux, qui ont repéré des besoins, les personnes sont ensuite reçues à l’atelier et réparties dans différents modules après une évaluation. Personnes accueillies ou hébergées à Emmaüs Solidarité, compagnons ou encore allocataires du RSA, les publics sont d’’horizons divers et n’ont donc pas les mêmes attentes. « Nous proposons ainsi des formations linguistiques adaptées, à raison de 6 à 8 heures de cours par semaine, et ce durant deux sessions successives de cinq mois », ajoute Rose-Marie Ryan. Et pour joindre de l’agréable à ces sessions de travail, des ateliers de pratique artistique, culturelle ou informatique sont également proposés aux stagiaires. L’un de ces ateliers, sur la connaissance des Institutions, s’accompagne d’une visite à l’Assemblée nationale : une occasion inédite de découvrir les coulisses du monde politique. Et, originalité de la structure, une partie de la formation – mais une partie seulement ! – est assurée par des bénévoles de l’association. « Cette année, nous pourrons compter sur la présence d’une quarantaine de bénévoles, précise Rose-Marie Ryan. Mais au préalable ils sont d’abord formés durant un stage de trois jours, puis suivis et accompagnés tout au long de l’année par notre coordinateur pédagogique. » Car former des adultes, c’est un métier qui s’apprend justement !
Modules spécifiques
En parallèle de ces modules de formation linguistique – 430 stagiaires y ont participé en 2012 – des modules spécifiques allant de 100 à 200 heures sont également proposés par l’AFB, à destination de l’externe ou de salariés en insertion au sein du Mouvement. Le module « Communiquer en situation professionnelle » s’adresse à un public de salariés et a pour objectif de les rendre plus autonomes dans les situations de travail qui mobilisent la communication en français, la lecture, l’écriture et l’usage des technologies de l’information et de la communication. Un autre module, « Communiquer / Louer », vise lui à développer l’autonomie langagière des personnes dans les situations concrètes liées à la thématique logement : signature du bail, réalisation de l’état des lieux, etc. Une formation non négligeable pour éviter des situations dramatiques comme les expulsions locatives, parfois liées à une succession de problèmes d’incompréhension. Signataire d’une convention cadre avec l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, l’AFB entend bien poursuivre et développer ces actions fondamentales, reprendre des actions de prévention expérimentées, tout en sensibilisant toujours davantage sur ces problématiques.