Au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris, en solidarité avec les victimes des actes terroristes partout dans le monde, le Mouvement Emmaüs appelle à construire la paix.
En temps de crise, il est plus tentant de faire la guerre contre un ennemi tout désigné, plutôt que de construire la paix et de s’attaquer aux racines du mal.
Et quand cette crise prend la forme d’attentats meurtriers, il est plus facile d’attiser la peur et de flatter le désir de sécurité que de travailler à l’éveil des consciences.
Nous passons d’une COP (Conférence des parties prenantes sur le changement climatique) à une autre depuis 1995, nous passons d’Objectifs du Millénaire pour le Développement (adoptés à l’AG de l’ONU en 2000) à des Objectifs de Développement Durable (adoptés à l’AG de l’ONU de septembre 2015), et pourtant les inégalités se creusent dangereusement, la dégradation de l’environnement se fait ressentir partout dans le monde et affecte en premier lieu les plus pauvres. Les tensions et les conflits se multiplient.
Nous n’accepterons pas qu’une fois encore, face à l’horreur indicible des attentats du 13 novembre, nos responsables politiques nous entraînent vers le « tout sécuritaire », dans une soi-disant « guerre », prolongement de celle que nous refusons depuis 2003 quand les peuples du monde entier étaient descendus par millions dans la rue pour dire Non à la guerre en Irak, illégitime et sans issue.
Ces mêmes responsables doivent enfin nous écouter, nous qui travaillons inlassablement pour la paix, la justice, l’accès aux droits fondamentaux pour toutes et tous. Leur surdité a coûté trop de vies innocentes, et leur entêtement risque d’en entraîner encore des dizaines de milliers d’autres.
En Syrie ou ailleurs, l’accaparement du pouvoir par des dictateurs produit les mêmes résultats : appauvrissement des populations, violation de leurs droits fondamentaux, apparition de mouvements radicaux et violents. En Syrie, et aussi en France, l’impunité des uns, la corruption des autres, les alliances malsaines, le cynisme de beaucoup font naître des ressentiments profonds, terreau fertile pour les idéologies les plus extrêmes. En Syrie, comme ailleurs, la violence – guerrière ou sociale -, la pauvreté, la faim et le désespoir poussent des centaines de milliers de personnes à tenter une vie plus digne dans les pays où elles espèrent pouvoir mieux vivre.
La responsabilité politique consiste à reconnaître l’échec et l’inconséquence de stratégies sans issue, mais aussi d’agir enfin sur les causes de tous ces maux et non pas d’en créer de nouveaux, c’est à dire:
– Promouvoir une redistribution juste et équitable des richesses
– Repenser nos modes de vie pour permettre que la vie perdure sur Terre
– Agir à l’échelle du monde, plutôt que de se recroqueviller sur soi-même, son propre pays ou ses privilèges.
– Eduquer à la paix et au vivre ensemble
Avec ses 350 groupes présents dans le monde entier, le Mouvement Emmaüs y travaillera ardemment, en y consacrant toute son énergie !
« L’intégrisme est un refuge pour la misère parce qu’il offre un sursaut d’espérance à ceux qui n’ont rien. Que leur mal disparaisse et l’intégrisme perdra ses troupes. »
Abbé Pierre, janvier 1995
Willi Does, Président d’Emmaüs Europe
Thierry Kuhn, Président d’Emmaüs France
Jean Rousseau, Président d’Emmaüs International