Comme le manque de qualification, l’absence d’expérience professionnelle ou une trop longue période de chômage, les problématiques sociales sont de réels freins à l’insertion. Logement, santé, endettement… Une difficulté en entraîne bien souvent une autre. Dans ses structures d’insertion, le Mouvement Emmaüs propose donc un accompagnement global, adapté au parcours et au projet de chacun.
Toute personne qui frappe à la porte d’un groupe Emmaüs a généralement un ensemble de problématiques. Fort d’une expérience de terrain riche en enseignements, le travail réalisé au sein des structures – ateliers, chantiers et entreprises – d’insertion du Mouvement Emmaüs montre la pertinence et l’efficacité de l’accompagnement global, pour une insertion où l’Homme a toute sa place. A Emmaüs Action Ouest (EAO), entreprise d’insertion située en Bretagne, différents outils ont été mis en place afin de proposer aux salariés un accompagnement social et professionnel adapté. « Avant même l’entrée dans la structure, les problématiques santé, logement, endettement et vie sociale sont évoquées, à travers la fiche de renseignement, explique Françoise Louvet, responsable Insertion – Emploi – Formation à EAO. Il ne s’agit pas de poser des questions précises – ce serait trop intrusif – mais de leur demander de se situer sur une échelle allant de zéro à cinq sur telle ou telle question. » C’est en s’appuyant sur cette première auto-évaluation que les chargés d’insertion vont pouvoir mettre en place un accompagnement au plus proche des besoins de la personne, qui durera tout au long de son parcours dans la structure.
Résoudre les problématiques sociales
« L’accompagnement global doit permettre, en parallèle du projet professionnel, de résoudre des problématiques sociales, témoigne Thierry Kuhn, responsable d’Emmaüs Mundolsheim, une structure qui emploie aujourd’hui plus de 50 salariés en insertion. C’est pourquoi quand la personne arrive à Emmaüs Mundo nous lui proposons de faire une forme de diagnostic des difficultés qui sont les siennes : problème de logement, santé, addictions, difficultés à gérer un budget, etc. Objectif : tenter d’en résoudre certains d’ici la fin du contrat ! » Pour réaliser cet accompagnement, Emmaüs travaille au quotidien avec des partenaires : il ne s’agit pas de dire que tout peut être fait en interne. Emmaüs Mundo a par exemple noué des liens avec d’autres structures pour les questions de santé ou d’endettement. Même fonctionnement à EAO, où un partenariat constructif a été mis en place avec une association spécialisée sur les addictions et problèmes psychologiques. « Des ‘équipes mobiles’ peuvent intervenir chez nous directement, ajoute François Louvet. La démarche d’un premier rendez-vous n’étant pas toujours simple, le salarié peut se sentir plus à l’aise s’il reste dans les locaux. »
Une évaluation davantage tournée vers la personne
« Depuis les nouvelles formes de conventionnement adoptées il y a environ trois ans, les structures d’insertion sont uniquement évaluées au regard du retour à l’emploi, poursuit Thierry Kuhn. On ne regarde pas si la personne a résolu, durant son parcours d’insertion, ses différentes problématiques sociales. » Or, surmonter des problèmes de logement, de santé ou d’endettement est évidemment très important dans une démarche d’insertion ou de réinsertion. Il n’est donc pas question de refuser l’évaluation par les services de l’Etat, mais de tendre vers une évaluation « élargie », qui prenne en compte tout cet ensemble de données. Cette proposition, portée par Emmaüs France, a d’ailleurs été reprise dans le rapport Igas (Inspection Générale des Affaires Sociales) / Igf (Inspection Générales des Finances). Une avancée qu’il faut saluer car cette évolution est aujourd’hui nécessaire pour les structures d’insertion qui accueillent prioritairement les personnes les plus éloignées du marché du travail, comme c’est le cas au sein du Mouvement Emmaüs.