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À Emmaüs Grenoble, un accompagnement au plus près des besoins

À Emmaüs Grenoble, un accompagnement au plus près des besoins

Au même titre que l’accueil, l’accompagnement des personnes constitue un pilier du modèle solidaire d’Emmaüs, parfois méconnu. Celui-ci s’est progressivement professionnalisé autour des intervenants sociaux (IS) ou des conseillers en insertion professionnelle (CIP), selon la nature de la structure. La Communauté de Grenoble a choisi de coupler ces deux types d’accompagnement tant pour les Compagnes et Compagnons que les salariés de l’Atelier Lucie Coutaz, son chantier d’insertion. Explications avec Sylvain et Marie-Noëlle, membres de l’équipe sociale.

Comment est organisé l’accompagnement des personnes dans votre Groupe ?

Sylvain / L’équipe sociale présente la singularité d’être mixte à Emmaüs Grenoble, tant à la Communauté, qui accueille 80 Compagnes et Compagnons, que sur le chantier d’insertion. Concrètement, je suis coordinateur de l’équipe et je travaille comme IS, principalement auprès des Compagnes et Compagnons mais aussi à l’Atelier Lucie Coutaz. A la Communauté une autre collègue assure l’accompagnement social à temps plein et nous avons également une CIP à mi-temps, ce qui n’est pas commun.

Marie-Noëlle / L’Atelier Lucie Coutaz accueille actuellement 13 salariés en insertion et j’interviens à temps  plein comme CIP. Je travaille en lien avec une équipe pluridisciplinaire : une coordinatrice et encadrante (éducatrice spécialisée de formation) à temps plein, une encadrante (également infirmière) et Sylvain (assistant social) à temps partiel.

Cette équipe sociale singulière répond-elle à un besoin précis ?

Sylvain / Elle répond notamment à l’évolution des profils des personnes accueillies. À la Communauté, il y a bien-sûr l’accompagnement social « classique ». Mais nous avons de plus en plus de Compagnes et Compagnons, souvent issus d’un parcours d’exil, qui ont des niveaux d’études et de qualifications élevés. C’est là que la présence d’une CIP présente tout son intérêt puisqu’elle sera mieux à même de les accompagner dans les éventuels besoins de formations et de préparation à la recherche d’emploi. Plus globalement, je pense que vouloir défendre aujourd’hui les droits des personnes, se dire en lutte contre la pauvreté et pour la dignité, cela passe aussi par un accompagnement plus étroit des personnes qu’on accueille.

Marie-Noëlle / À l’Atelier Lucie Coutaz, nous travaillons dans le cadre d’un conventionnement avec l’Etat qui prévoit la présence d’une CIP ayant pour mission d’accompagner les salariés vers l’emploi ou la formation. Mais là où certains chantiers d’insertion sélectionnent leurs salariés lors du recrutement pour favoriser un bon taux de retour à l’emploi, nous avons fait le choix de ne pas faire de sélection. Notre public rencontre beaucoup de problématiques administratives (accès aux droits, rdv avec la Préfecture…), et bien que la majorité des salariés ait un assistant social référent, ceux-ci sont rarement disponibles dans l’urgence.

Photos : (c) communauté Emmaüs de Grenoble

Dans les grandes lignes, en quoi consistent vos missions respectives ?

Marie-Noëlle / En tant que CIP, mes missions consistent à assurer le recrutement des salariés (toujours en relation avec les prescripteurs) et à identifier les freins à l’emploi puis à proposer des actions d’accompagnement professionnel adaptées : techniques de recherche d’emploi, stages, formations de remise à niveau ou qualifiantes…

Sylvain / De mon côté, en tant qu’IS, mon travail consiste, entre autres, à présenter et expliquer leurs droits aux Compagnes et Compagnons, le fonctionnement de la Communauté, puis tout ce qui touche aux droits sociaux et administratifs de base. Ensuite, on peut notamment envisager un accompagnement global, notamment sur la santé, de plus en plus fin à mesure que la personne s’installe.

Au-delà de l’accompagnement individualisé, dans quelle mesure votre rôle est de participer à la dynamique collective du groupe ?

Marie-Noëlle / En effet, nous n’agissons pas que sur la dimension individuelle, nous essayons de travailler sur le collectif à travers des ateliers ou des formations communes aux Compagnes, Compagnons et salariés en insertion. Cela fut le cas pour la formation « textile » (comprendre la filière textile, adopter les bonnes pratiques du tri et savoir agencer un espace de vente) et une formation d’initiation à la boulangerie. Aussi, nous allons mettre en place des ateliers communs entre la Communauté et le chantier d’insertion (la démarche d’enquête métier, travailler l’entretien d’embauche…) et contribuer ainsi à la dynamique collective d’autant qu’il y a une volonté forte de la direction de travailler à la cohésion de toutes et tous.

Sylvain / Marie-Noëlle parlait de la boulangerie qui est en fait un projet que j’ai monté avec quelques Compagnes et Compagnons. On fait du pain que l’on consomme à la Communauté et qu’on essaye de vendre. Mais pour donner une idée de la diversité des sujets, l’année dernière on avait un cycle de formation sur de la micro-activité à visée altruiste pour se demander par exemple comment on mène des actions de solidarité à l’extérieur ? Et puis tous les 3 mois on organise une journée communautaire inter-sites avec tout le monde pour essayer de se retrouver et faire sens commun.