La Ferme de Moyembrie, membre du Mouvement Emmaüs, permet à des personnes en fin de peine de prison de reprendre contact avec la vie en liberté. Une réinsertion qui passe par le travail et la vie en collectivité.
« Si on aime les animaux, l’élevage c’est parfait. Et ici j’ai la clef du poulailler : j’ai des responsabilités. » Fernand est arrivé à la ferme de Moyembrie il y a tout juste une semaine et il est déjà totalement impliqué dans ses nouvelles fonctions. Après plusieurs années passées en détention, il a pu obtenir un placement à l’extérieur afin de se réinsérer progressivement, de reprendre ses marques avec le travail et la vie en société. Créée en 1990, la Ferme de Moyembrie accueille ainsi chaque année une quarantaine de personnes en fin de peine, avec un objectif : permettre à chacun de prendre le temps de décider de sa vie, de réapprendre la liberté.
L’activité au cœur du projet
Fidèle à l’une des valeurs d’Emmaüs, qui est de permettre à l’Homme de retrouver sa dignité grâce à l’activité, la ferme de Moyembrie est plus qu’un lieu de vie : c’est un endroit où on cultive la terre, où le maraichage, l’élevage et le bâtiment – nécessaire pour avoir des installations efficaces et adaptées – ont toute leur place. Une vraie ferme qui livre chaque semaine ses produits à des AMAP ( Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) : une centaine de paniers – 100% bio ! , des œufs , des fromages de chèvre, des poulets. Retrouver des horaires, travailler avec d’autres, avoir des responsabilités… Les bénéfices de l’activité à la ferme sont nombreux, et permettent à chacun de trouver sa place et son rythme.
Un accompagnement vers la liberté
Parallèlement, les résidents à la ferme sont accompagnés par l’équipe salariée et les bénévoles de l’association afin de mettre en place leurs projets d’avenir. Du permis de conduire à la recherche d’un logement, en passant par des formations et la préparation aux entretiens d’embauches, le chemin n’est pas de tout repos, et il est important de prendre le temps pour construire une nouvelle vie. « Quand je suis arrivé à la ferme en 2005, après trois ans de prison, j’étais incapable d’envisager de revivre avec ma femme, de retrouver une vie à deux, raconte Philippe, ancien résident et aujourd’hui encadrant de l’équipe bâtiment à la ferme de Moyembrie. Il y avait beaucoup de choses à faire, et comme je m’y connaissais en rénovation, c’est bien tombé ! Petit à petit je me suis senti bien, mieux que nulle part ailleurs : ici c’est ma famille. »
Retrouver l’extérieur
Et après deux ans à la ferme, « un passage nécessaire, où j’ai pris le temps de me réhabituer à la liberté », Philippe a rejoint sa femme, sa maison. Sans toutefois cesser de travailler à Moyembrie, avec un contrat d’encadrant permanent, où ses compétences sont plus que bienvenues. Bénéficiant de l’agrément chantier d’insertion, la ferme peut également salarier des personnes libres mais encore trop éloignées du marché de l’emploi « traditionnel » : une bonne manière de créer un équilibre au sein de l’équipe, de donner des perspectives aux derniers arrivés. Pendant plusieurs mois, la vie à la ferme permet aux résidents de redevenir acteurs de leur propre vie et de faire des projets qui permettront d’éviter le retour à la case prison. « Quand on sort et qu’on a rien, pas de famille, pas de travail, pas de logement, qu’est-ce qui empêche de recommencer les bêtises ? », interroge Philippe. Une option pourtant loin d’être souhaitable, tant la vie en détention ne laisse pas indemne.
Le site Internet de la Ferme de Moyembrie se trouve par ici !