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« Un passage nécessaire vers la réinsertion »

« Un passage nécessaire vers la réinsertion »

La Ferme de Moyembrie, lieu unique pour permettre le retour à la liberté des sortants de prison, est gérée par une association bénévole. Comme l’équipe salariée, les bénévoles sont impliqués à 100% pour faire vivre un projet qui a fait ses preuves mais qui nécessite un engagement sans faille. Trois questions à Anne-Marie Péry, la présidente de l’association.

Comment une personne arrive-t-elle à la Ferme de Moyembrie ?

Nous travaillons en lien avec plusieurs prisons de la région, qui nous transmettent les demandes de personnes qui ont entendu parler de la ferme et qui souhaitent effectuer leur placement à l’extérieur en venant chez nous. Nous allons les rencontrer, à la prison, puis si l’entretien s’est bien passé, nous proposons une journée en immersion totale à la ferme : travail dans les champs, repas en commun, échanges… Si cette première étape s’est bien passée, du côté de l’équipe comme de celui du futur résident, la procédure est validée, et, après accord du juge d’application des peines, l’accueil est programmé dans les meilleurs délais. En conformité avec notre projet associatif, nous accueillons en priorité les personnes qui n’ont plus de liens sociaux ou familiaux.

D’une durée de trois mois à un an, voire un peu plus, quels sont les objectifs du séjour à la ferme de Moyembrie pour les résidents ?

Le retour direct à la vie normale, après des années de détention, est quasi mission impossible. En prison, le temps a passé, les gens que l’on connaissait ne sont plus les mêmes, tout comme le monde dans lequel on vivait. Par ailleurs, les détenus idéalisent énormément la sortie : il y a souvent un véritable choc, entre la réalité et ce qui a été imaginé. C’est pourquoi il est indispensable de prendre le temps pour se reconstruire, de se poser les bonnes questions, de retrouver son autonomie. L’objectif, pour nous à Moyembrie, est de faire un bout de chemin avec les gars, afin qu’ensuite ils puissent retrouver la capacité et l’envie de faire leurs propres choix. En toute liberté.

Vous êtes à la ferme presque tous les jours de la semaine, sans compter votre temps. Qu’est-ce qui motive votre engagement ?

Ayant travaillé durant 18 ans à la prison de Laon, comme responsable du centre de formation, je connais le monde carcéral de l’intérieur… J’ai vu trop de gens quitter la prison pleins d’espoir, heureux de retrouver leur liberté, et revenir derrière les barreaux quatre mois après… La récidive semble parfois inéluctable. Au début, je croyais que si la question du logement et de l’emploi était réglée, la réinsertion ne posait pas de problème, mais en fait il y a beaucoup plus que cela ! Le regard des gens fait peur, et des petites choses comme faire ses courses ou entreprendre des démarches administratives peuvent paraître insurmontables. C’est tout cela qu’il faut permettre aux résidents de réapprendre, et c’est cet accompagnement vers leur liberté qui me motive. Un accompagnement qui fait ses preuves, puisque chaque année nombre d’entre eux quittent la ferme en ayant des perspectives d’avenir très concrètes.